Attention, ça va trancher ! Forgotten Blade nous propose un mélange habile entre l’héroïc-fantasy, la science-fiction et le manga. Drôle de mayonnaise pour un comic au format surdéveloppé.

Le propre du héros de fantasy, c’est de toujours vouloir découper plus costaud que lui quand ça existe. C’est un peu le problème de Ruza “Le Crasseux”, qui ne trouve pas d’adversaire à sa taille et va donc se morfondre dans des duels insipides. Sous l’impulsion de la chamane Noa, une idée va lentement faire son chemin dans son esprit : tuer “Dieu”. Ou du moins le Patriarche, créateur des cinq rivières. Sauf que Noa n’agit pas de façon désintéressée, ou pour simplement suivre une quête. Elle est en croisade contre Dieu pour pouvoir récupérer ses enfants, tués sous ses yeux.

Je t’entends déjà me dire “Hein ??!”. Et tu as bien raison. L’univers mis en place par Tze Chun est assez déroutant. Déjà, son histoire ne cherche pas la simplicité, car il aurait été bien pus facile de mettre un ersatz de Conan en héros du récit et de saupoudrer d’un brin de magie pour tout expliquer. Ensuite, son explication, justement, est à la fois d’une simplicité et d’un arrachage de cheveux à toute épreuve. Sans spoiler, j’en suis resté un peu con, m’attendant à un twist un peu plus surprenant. C’est d’ailleurs un peu l’impression qui ressort à la lecture de ce volume : des idées travaillées par l’auteur, certes, mais qui ne nous donnent pas ce qu’on attend. Si je prends l’exemple des combats, on s’ennuie ferme ! Pareil pour la caractérisation du Crasseux. L’idée de l’anti-héros est bonne, mais il a le charisme de Woody Allen avec des muscles.

Les dessins de Toni Fejzula renforcent le petit côté manga du titre, l’artiste utilisant les lignes de fuite pour simuler la vitesse et le dynamisme des protagonistes. On a aussi ce petit côté délavé dans la couleur qui fait que les planches ne sont jamais agressives à la lecture. D’un point de vue purement personnel, je ne suis pas fan du style de l’artiste, mais je reconnais ses qualités de mise en scène des séquences.

Lecture un peu particulière que ce Forgotten Blade, titre à la croisée des chemins de plusieurs univers de fiction, tant dans le scénario que dans le graphisme. Si je n’ai pas passé un moment de lecture inoubliable, je reconnais le travail effectué, à la fois par le scénariste et le dessinateur. Des idées un peu plus poussées et une narration moins tarabiscotée auraient certainement permis de gagner en lisibilité… et en public.