The Blue Flamme
Retour sur un titre à la saveur tout à fait particulière, encore une fois proposé par 404 Comics, ça devient une habitude !
The Blue Flame, c’est un bien gros pavé, celui qui, au premier regard, te fait bien comprendre que si tu n’accroches pas, ton aventure risque d’être bien longue ou, à l’inverse, bien courte.
Ici, on va suivre Sam Brausam, plombier le jour et vigilante à Milwaukee la nuit. Après sa journée de boulot, il retrouve ses comparses masqués pour protéger les habitants de la ville. Jusque-là, un pitch classique sans trop de surprises. On se rend compte que Sam vit seul, et sa petite gloire et son échappatoire sont cette bande de “super”. Très vite, on va se passer du côté super-héroïque en tant que tel. Lors d’une conférence, un incident se produit et va tout faire basculer : une fusillade qui va le laisser pour mort et entraîner sa descente aux enfers, mais pas que.
Christopher Cantwell joue habilement avec la dualité de son personnage, à la fois terriblement humain et totalement hors norme. Cet événement va amener Sam au plus profond de la dépression qui, en même temps, va être désigné en tant que Blue Flame par des entités extraterrestres pour en faire une sorte d’avocat interplanétaire pour défendre l’existence de la Terre.
Entre espoir et rédemption, Cantwell se sert de toutes les facettes de l’humain à travers Sam pour nous faire passer par tous les états. Tout au long de ces 280 pages, on jongle entre le “bah oui, c’est ça” et le “comment, mais ce n’est pas du tout ça”. C’est malin, c’est efficace et ça sonne juste. Sam, qui doit gérer son traumatisme, va se retrouver dans cette sorte de spirale infernale où à vouloir tout gérer, on finit par perdre pied. Entre The Blue Flame, la vie de Sam, son trauma, sa famille, le destin de la Terre, il ne sait plus où donner de la tête. Justement, sa tête, tout vient peut-être de là.
La force de Cantwell à mes yeux est qu’il y a une multitude d’interprétations sur ce que l’histoire veut nous dire et que chaque lecteur y trouvera un angle qui lui est propre. Ce n’est pas souvent que j’ai ce sentiment, et c’est vraiment fort.
Pour ma part, le côté “super” n’est qu’un prétexte pour amener sur le devant des maux plus profonds et des sujets plus durs. Je pense notamment à la fusillade, à la dépression, à la précarité, mais aussi à la santé mentale. Ce sont pas moins de 10 chapitres poignants, où l’on voit les divers états et l’évolution de Sam, mais pas que, son entourage, le monde autour de lui et l’univers qui, à trop se croire le centre du monde, continue de tourner sans l’attendre.
C’est ce côté de Sam qui, après tous ces traumatismes, cet homme brisé, se raccroche à l’espoir de ce procès qui, s’il gagne, sauve la Terre, mais égoïstement lui aussi. Devant Arriver à surpasser tout ça pour avancer, mais les choses ne sont pas si simples. La trajectoire de la lecture change lorsqu’il fait un pas pour finalement affronter tout ce qui ne va pas et être simplement un homme qui, sans s’obliger à rien, peut être un héros sans besoin de cape ou de costume.
Côté graphique, on retrouve Adam Gorham qui nous offre un découpage sublime, inventif, créatif, mais à la fois strictement guidé par la force de l’écriture. On débarque donc dans une sorte d’expérience immersive qui sera à nouveau propre à chaque lecteur. Personnellement, j’ai trouvé la partie Blue Flame dans l’espace sublime, mais j’y ai transposé la santé mentale de Sam, de fait c’était pour moi totalement irréaliste mais extrêmement beau et parfois même poignant. Le côté “humain” et la vie de Sam m’ont, elles, beaucoup plus happé dans le récit. Le combo écriture de Cantwell et dureté graphique de Gorham fonctionne à 10 000%.
Je ne vous dirai rien quant à la conclusion de ce titre qui, encore une fois, sera libre à votre interprétation, mais je me suis surpris à en voir une fin que, à aucun moment dans ma lecture, je n’ai envisagée.
Il n’y a ni super-héros, ni super vilains dans The Blue Flame, juste un super titre poignant que vous devez absolument lire.
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