Catwoman – Lonely City
Catwoman – Lonely City
En 1986, Batman a eu droit à son Dark Knight RETURNS. Frank Miller offrit à Batman une aventure différente. Au lecteur, il offrit un Batman âgé qui a raccroché de son rôle de justicier dans une Gotham qui est en chute libre…
En 2022, Cliff Chiang nous propose une autre Gotham, en chute également, mais dans un futur différent, plus en adéquation avec la société actuelle. Si vous en doutez, il suffit de quelques pages pour se rendre compte de la critique des positions sociales entre le « citoyen », le « criminel » et le « représentant de l’ordre ».
C’est donc dans cette Gotham que Selina Kyle est libérée après 10 ans de réclusion. Libre mais dans quel monde ?
Gotham reste toujours Gotham, mais en 10 ans énormément de choses se sont passées, le crime est régi par une main de fer représentée par des erzats de Bat-policier. Pourquoi ? Comment ? Qui dirige tout ça ?
Pas de surprise, c’est très rapidement dit : Batman est mort dans des circonstances horribles qui ont valu son séjour en prison à Selina. Harvey Dent est à la tête de la mairie de Gotham, se présentant lui-même comme un chevalier blanc ayant fait rédemption. Son règne est implacable, la Dent Gestapo est là : fichage, badge, reconnaissance faciale. Rien n’est laissé au hasard, et si vous êtes connaisseur de l’univers Batman, de nombreux détails vous rappelleront des choses bien familières.
Lonely City c’est avant tout une dystopie plutôt réaliste, pas de futur high tech 3000, pas de néon cyberpunk à tout va, juste une Gotham qui a grandi à la suite d’événements tragiques.
Un peu à la façon du Batman Day de 2018 « a la vie à la mort », c’est une Selina Kyle touchante et nostalgique en quête de vérité que l’on a dans ce récit. Elle cherche à comprendre les derniers mots de Batman le jour sa mort. Qu’est-ce que ça signifie ? Bruce et ses mystères…
Cliff Chiang est, comme à son habitude, exceptionnel. Que ce soit sur le côté graphique autant que sur sa mise en couleur, il arrive à nous faire vibrer et à nous remémorer des souvenirs enfouis lors de lecture d’enfance avec juste quelques vêtements dessinés et quelques couleurs bien maîtrisées. C’est superbe et l’énergie qui se dégage de ce titre est folle. Tant de douceur graphique pour autant de douleur dans ce titre.
Les plus grands noms de Gotham sont présents, mais ne sont plus les gloires d’antan, ils sont l’ombre d’eux-mêmes, voir ils n’existent plus. C’est à la fois triste, touchant mais naturel. Ils laissent place à de nouveaux « héros » ou « anti-héros ».
Le récit évolue sur un fil de funambule tout du long de notre lecture, il suffit de voir le comportement de Barbara, qui elle-même ne sait pas exactement définir ses limites. Tout est en non-dit, en allusion, mais tout est puissant marquant, touchant.
Chiang réussit avec un titre hors continuité à prendre en compte la continuité et à livrer un récit et des personnages riches et complexes. Les gens changent, le temps passe, les objectifs aussi, pour les gentils comme les méchants. Les flash-backs viennent ponctuer le tout avec un côté remise en situation qui prend de la densité tout au long du récit, le tout accompagné de clin d’œil à l’historique de Catwoman (il suffit de voir le costume Retro-urbain-moderne de Selina).
Bref ça fonctionne et parfaitement, Chiang maîtrise le dessin, la narration en 4 chapitres nous offre une aventure de Catwoman qui se glisse dans mon top 3 pour le personnage.
Batman a son Dark Knight, Catwoman a son Lonely City !
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