Shredder in Hell
Je vous ai déjà mentionné dans la chronique du tome 19 des Tortues Ninja, qu’il s’agit d’un titre “one-shot” de 5 chapitres, qui s’intercale entre les deux derniers chapitres. “Shredder in Hell” prend le temps de raconter les événements se déroulant dans le royaume spectral, visant à faire revenir Shredder du royaume des morts.
Alors, si vous ne le saviez pas, Shredder est mort lors de l’arc de la guerre de New York suite à son duel avec Splinter. Ces événements ont conduit à la crise actuelle, avec Kitsune cherchant à réveiller le dragon. Splinter part donc à la recherche de l’âme de son vieil ami pour le ramener, au péril de sa vie. Pour les néophytes, ce titre peut se lire seul, même si certains points vous sembleront un peu flous. Pour les aficionados, vous y trouverez des références à la continuité de la série, depuis le chapitre 4, et oui, rien n’est laissé au hasard.
Sur ce titre, on retrouve Mateus Santolouco. Ceux qui me suivent savent que je connais son travail ! Il s’occupe du dessin et du scénario et, sans surprise, met en avant un de ses personnages fétiches, Shredder !
Durant ces 5 chapitres, Mateus Santolouco prend le temps de raconter la déconstruction et reconstruction du personnage. Après des années de haine, Shredder fait face à ses démons dans l’au-delà. Sous les pinceaux de Mateus, on découvre les difficultés de l’enfance de Shredder, ou plutôt Oroku Saki, lorsqu’il était encore ami avec Hamato Yoshi. Il repart donc, en quelque sorte, de zéro et affronte ses erreurs, mais obtient aussi une chance de redresser la barre. Il se retrouvera confronté à Takeshi Tatsuo, fondateur du Foot Clan, aperçu dans le one-shot “L’Histoire Secrète du Foot Clan“, mais aussi à des ennemis plus actuels comme les Tortues et les protagonistes du monde divin.
Mateus Santolouco lie avec brio l’ensemble des événements et de la mythologie des Tortues Ninja, sans jamais manquer une référence importante, mais sans non plus noyer le récit de détails inutiles. C’est simple, efficace, et ça va droit au but pour servir le récit. L’artiste œuvre depuis de nombreuses années dans l’univers des Tortues Ninja et maîtrise totalement tous les codes. Il se fait plaisir, et nous aussi, nous abreuvant de nombreuses références à des séries diverses et variées comme Naruto ou même Dragon Ball. Ce mélange de codes et de références est un plaisir à lire et à voir.
Malgré la qualité du tome, quelques petits détails m’ont légèrement dérangé lors de la lecture, mais cela relève de ma propre logique. Après tout, Shredder est un sacré psychopathe qui n’a pas lésiné sur les moyens pour atteindre son but ultime, même s’il est mort avant d’y parvenir totalement. Cependant, bien que touchante, la relation entre Splinter et Shredder me laisse perplexe : faut-il vraiment tout tenter pour le sauver des limbes ? C’est un fou furieux qui a tué beaucoup de monde. A-t-on vraiment envie de cela à nouveau ? Le risque est-il vraiment à prendre ? Bien que cela soit justifié par des dialogues parfois trop longs, naïfs et complexes, notamment avec le côté religieux, réincarnation, etc., j’aurais préféré une narration plus graphique par moments, mais c’est un choix qui se défend pour la proposition qui nous est donnée.
Shredder in Hell est un bon titre qui permet d’éclairer et d’expliquer des événements absents de la série principale, et il fait très bien le travail. Si l’idée de départ est basique, elle s’étoffe au fil des chapitres et ne s’essouffle pas. C’est rythmé, plaisant et malgré quelques petits défauts, c’est une très bonne lecture, notamment grâce à la fin qui apporte un retournement de situation que je n’aurais jamais pu voir venir.
Un petit mot aussi pour l’édition qui, malgré un prix élevé, est très belle, avec une couverture à effet métallisé. Le rendu est du plus bel effet, mais j’aurais pu m’en passer pour économiser quelques euros lors du passage en caisse.
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