Souviens-toi (vieux) lecteur. Fut un temps où Lois Lane, la fiancée de Superman avait sa propre série. D’ailleurs, en ce temps, je pense que tous les personnages secondaires de Superman avaient leur série. Eh bien avec ce gros volume (maxi-série, quoi), Lois Lane : Ennemie du Peuple, renoue avec cet héritage.
Lois Lane est une traînée! Elle trompe son mari, Clark Kent, avec Superman. Du coup, elle s’est un peu mise au vert à Chicago. Mais Lois étant ce qu’elle est, elle travaille sur une enquête mettant en cause le gouvernement et de riches hommes d’affaires. Pots-de-vin et politiciens, c’est un Pulitzer pour un simili Watergate qui l’attend! Sauf que Lois a un contrat sur sa tête et qu’elle va essayer de s’en sortir sans l’aide de son super-mari.
Greg Rucka nous propose un récit a tiroir, comme tout bon polar journalistique. Polar de par l’enquête menée par Lois, avec le soutien de Renée Montoya, la nouvelle Question. [Petit aparté : depuis quand, comment, etc? J’en étais resté au personnage secondaire de Batman] Rucka maîtrise bien le sujet et décrit avec brio les rouages politico-financiers de son récit, sans jamais larguer le lecteur. C’est également pour lui une opportunité de démolir (un peu) le/les gouvernements et leur sale manie de cacher des choses, notamment sur le côté financier de la politique. Sans être expert en politique étrangère, on peut facilement faire le parallèle avec un ancien président chez nous.
Mais dans l’histoire, le meilleur concerne la supposée relation de Lois avec Superman et comme son mari et elle gèrent l’affaire. Surtout face à une Montoya qui, sous couvert de ne pas juger, est décorée par la curiosité. Ce personnage de Question est d’ailleurs assez bien écrit, s’éloignant un peu de son homonyme classique. Elle est dépeinte comme un justicier, semblable à un Batman avec le sens de l’humour.
Au dessin, Mike Perkins propose des planches à l’ambiance très sombre. Là encore, on baigne en plein polar glauque, avec des couleurs utilisant une palette relativement sombre. Même les interventions de Superman, personnage “lumineux”, n’arrivent pas à apporter un peu de couleur aux pages. Ça colle au récit et sans être un étalage de savoir faire, les planches s’enchaînent en rythme, sans jamais s’appesantir sur du superflu.
C’est un volume qui se dévore avec délectation que ce retour de Lois Lane en tête d’affiche. Rucka a su trouver le parfait équilibre entre enquête et chronique de la vie privée de son héroïne. Au point que je n’arrive pas à déterminer quelle partie a préféré l’auteur. En ce qui me concerne, la gestion de la vie privée de Lois et Superman l’emporte haut la main. Je crois même que c’est la première fois qu’il est ouvertement question de sexualité pour Superman. Rien que ça, ça vaut la lecture.
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