Keiji – T1 et T2
Keiji
Bonjour et bienvenue à tous ! Aujourd’hui, nous allons revenir sur les deux premiers tomes de la série Keiji, parus chez Mangetsu le 18 août dernier.
Dans sa lancée de sortir les manga de Tetsuo Hara en France, avec Soten no Ken et Ikusa No Ko, Keiji présente les aventures d’un jeune homme aussi viril, fort et généreux que possible dans un Japon en pleine crise. En effet, en 1582, juste après la mort du daimyō Oda Nobunaga, le pays démarre une guerre civile entre les différents seigneurs qui cherchent à prendre le pouvoir… Dans ce contexte assez particulier, le code d’honneur des samouraïs perd peu à peu son intérêt. C’est alors qu’en marge de la société, les « Kabukis-monos », des guerriers extravagants, insolents et ne suivant que leurs propres règles, commencent à apparaître à travers le Japon. Le plus connu et le plus fort d’entre eux se nomme Keiji Maeda.
Adapté d’un roman de Ryū Keiichirō, scénarisé par Mio Asō et illustré par Tetsuo Hara, le papa de Ken le Survivant, ce manga paraît tout d’abord en 1990 dans le Weekly Shōnen Jump, avant d’être compilé en dix-huit tomes par la Shūeisha. En France, Casterman édite les dix-huit tomes entre 2007 et 2010. Et en 2021, Mangetsu vient rééditer la série (et combattre un peu la spéculation), lui donnant une nouvelle jeunesse et un format bien travaillé et peaufiné.
Au niveau de l’histoire, on suit donc le personnage improbablement puissant et démesuré de Keiji qui, rattrapé par son grand cœur, finira toujours par faire ce qui est juste, même s’il semble à première vue désinvolte et égoïste. Ce dernier est d’ailleurs inspiré d’un véritable kabuki-mono : Maeda Toshimasu. On le voit ainsi vivre sa vie, pleine de péripéties dans ce Japon féodal, rencontrant çà et là des personnages emblématiques de la période historique, tels que Maeda Toshiie ou Sassa Narimasa, et revivant des batailles de l’époque comme notamment le siège de Suemori, le tout étant, bien entendu, très romancé, rendant les scènes tantôt épiques et glorieuses, tantôt cocasses et incongrues, tantôt grand-guignolesques et violentes.
Le principal défaut du scénario, c’est son rythme parfois étrange, qui se retrouve malencontreusement coincé dans un récit « existant » et qui empêche donc un peu les auteurs d’écrire l’histoire comme ils l’entendraient, contraints de suivre les événements historiques. Cela dit, ils s’en sortent tout de même plutôt bien, même si les différentes péripéties de ces premiers tomes s’enchaînent parfois assez bizarrement et sans transition. Toutefois, les auteurs compensent ce souci par des relations entre les personnages très travaillées et des réflexions sur la philosophie des guerriers intéressantes et nuancées.
Côté dessin, on est pile dans ce à quoi Tetsuo Hara nous habitue : des personnages immenses et virils, des chevaux énormes (principalement Matsukaze, le cheval de Keiji, qui fait deux fois la taille des autres chevaux), enchaînant des scènes sombres et violentes et d’autres absurdes et drôles avec le talent qu’on lui connaît. Son style est franchement très efficace et détaillé, rendant l’ouvrage très plaisant à lire.
Bref, avec ces deux premiers tomes, on pose un peu les bases du personnage et de l’univers dans lequel il évolue. J’attends de voir ce que la suite donnera. Le tome 3 est d’ailleurs sorti le 6 octobre dernier et le tome 4 devrait paraître début janvier 2022.
Sur ce, à la semaine prochaine pour une nouvelle review !
|