Grendel Volume 1 : Hunter Rose
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Grendel Volume 1 : Hunter Rose

Grendel Volume 1 : Hunter Rose

Il est des personnages qui, sans être les plus célèbres [en gros, ceux sur lesquels on n’a toujours pas fait de film], atteignent un niveau iconique pour l’amateur de comics. C’est le cas de Grendel, le héros de Matt Wagner, sorte de anti-héros ninja et patron du crime. Si c’est rapidement résumer le personnage, c’est ce que l’amateur non-averti peut en penser.

Urban a eu la bonne idée de nous proposer un omnibus sur Grendel avec ce Volume 1 : Hunter Rose. Pour ce personnage peu connu en France, c’est un bon moyen d’en apprendre un peu plus.

Hunter Rose, c’est ainsi que se nomme un romancier à succès, à l’abri du besoin et très loin des guerres de gang. Sorte de play-boy mondain, il vit seul avec son majordome et une fillette qu’il a adopté, Stacy. Mais Hunter Rose est bien plus que cela. Et à partir de là, on diffère complètement du sous-Batman auquel on aurait pu s’attendre. Enfant au passé trouble, il a dès sa plus tendre enfance développé un mépris de l’espèce humaine. Une fois adulte, il s’est affublé d’un costume en noir et blanc et, muni d’une lance à double lame, s’est lancé dans la lucrative carrière de tueur à gages. C’est dans ce cadre professionnel qu’il a rencontré, puis tué, le tuteur de Stacy.

Sensible aux souffrance des enfants, plus particulièrement aux violences sexuelles subies par ces derniers, Hunter a décidé d’adopter la fillette, comme une sorte d’expiation. Mais cela ne l’empêche nullement de continuer ses activités de tueur sans pitié, jusqu’à tenir d’une main de fer la pègre de New-York.

Matt Wagner assure le scénario de toutes les histoires proposées dans ce volume. Véritable maître d’œuvre de la destinée de son personnage, il propose une histoire dont il maîtrise tous les rouages, de la genèse jusqu’à la mort.

Il faut avouer que Grendel a une caractérisation très pointue. Ce n’est déjà pas un héros, mais bel et bien un vilain. Celui qui, dans n’importe quel autre comics, serait l’antagoniste d’un super-héros à qui il tiendrait la dragée haute. Si dans cet omnibus Wagner n’explore que très peu ses débuts, il le pose d’entrée comme un athlète de haut niveau, à l’expertise avérée dans le maniement des armes blanches, dont sa lance à double lame caractéristique. Et oui, Grendel/Hunter Rose est un salaud. Un vrai génie du mal à côté duquel le Caïd ferait figure d’enfant de chœur. Il ne laisse rien passer et dirige ses troupes, son armée, d’une main de fer, n’accordant jamais aucune pitié. Pour un personnage principal de comics U.S, c’est de l’inédit !

Mais Grendel a une sorte de sens de l’honneur, même s’il n’a aucune pitié. Il ne rechigne pas à trucider des innocents dans ses machinations, mais s’interposera entre ses hommes et un « paria » parmi sa troupe dont la seule faute est d’être gay. Surtout, il est un fervent défenseur de l’innocence des enfants, malgré ce qu’il a pu subir dans son enfance. Sa plus grande bataille, il la livre contre les pédophiles pour lesquels la seule sentence acceptable est la mort.

Au dessin, on a pléthore d’artistes, les histoires proposées ne faisant, pour l’essentiel, pas plus d’une dizaine de pages. Le volume en comptabilisant 600, je vous laisse faire le calcul.

Malgré la diversité de styles et de narration, on reste sur une certaine cohérence graphique, les planches étant toutes en noir, blanc et rouge. Il y a du bon et du moins bon, mais, même lors de récits qu’on peut qualifier « d’expérimentaux », le scénariste tient la barre et on sent que tout est réfléchi.

Côté dessins, Wagner signe quelques histoires avec un très beau noir et blanc très lisible, dans un style graphique qu’on peut facilement situer dans les années 90. Dans ses planches, il n’abuse pas de poses iconiques ou d’effets de style et reste très sobre dans le trait pour laisser éclater une composition des pages qui happe le lecteur.

Grendel est un monument et, à part quelques éditions en France, nous n’avions jamais eu droit à quelque chose d’aussi complet que cet omnibus. Les histoires ne se valent clairement pas toutes et je conseille de le lire en plusieurs fois pour ne pas arriver à saturation [ne faites pas comme moi, malheureux!]. En plus d’être une œuvre à part, Grendel est surtout très bien écrit et, majoritairement, bien dessiné. À ne pas louper.


  • Titre: Grendel Volume 1 : Hunter Rose
  • Volume : 608 pages
  • Éditeur : Urban Comics (Cult)
  • LangueFrançais
  • ISBN-13 : 979-1026819271
  • Prix : 35€

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