Teddybear
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Teddybear

Quelle différence y-a-t-il entre un gros ourson en peluche et un enfant soldat? Si vous donnez votre langue au chat, commencez par jeter un œil à la couverture de Teddy Bear, pour ensuite lire l’histoire qui nous est proposée par Label 619, dans le cadre d’un one shot DoggyBags éprouvant.

 

Afrique, un pays sans nom dans lequel règne une guerre civile, opposant un Président menant la belle vie à des rebelles souhaitant le destituer. Une histoire banale qu’on voit tous les jours aux infos, en somme. Mais au milieu, pris entre deux feux, ils y a les habitants de ce pays qui doivent, mais ne peuvent, apporter leur concours aux deux forces qui s’opposent : soldats et rebelles. Victimes, ils le sont tous…

 

Teddy Bear raconte l’histoire d’Odrissa, un enfant kidnappé par les rebelles, ayant réussi à survivre à leur épreuve d’admission. Après avoir survécu aux tirs des troupes rebelles et capturé un bébé crocodile, il est admis dans les rangs des rebelles sous son nouveau nom, Teddy Bear. On lui apprend la souffrance, la supporter et l’infliger, mais également à obéir aveuglément et donner la mort. Pour oublier les démons qui le hantent la nuit, on lui donne de la poudre blanche, qui en fait un parfait petit soldat obéissant. Mais dans ses délires, Odrissa va voir son ours en peluche lui parler, lui dire de se barrer avant qu’il ne soit trop tard. À lui, ensuite, de trouver son chemin dans ce pays en guerre et d’oublier son conditionnement.

 

Ce volume est dur. Vraiment dur. Loin des délires habituels, on se retrouve face à ce qui est une réalité : les enfants soldats. Recrutés, conditionnés, déshumanisés. Tout le processus est expliqué par Francesco Giugiaro dans toute sa froide cruauté. Odrissa est la victime dans ce comic. Même lorsqu’il commet des atrocités, il le fait pour sa survie, sans se questionner. Avant son conditionnement il savait déjà que la vie est dure et que seule son implacabilité lui permettrait de s’en sortir.

Au fil du volume, l’auteur insère des Le saviez-vous?, présentant de véritables salopards utilisant des enfants dans leurs guerres, mais également un dossier très complet sur les enfants-soldats. Là encore, c’est dur.

 

Côté dessins, Jérémie Gasparutto ne cherche pas l’effet graphique facile et, dans un trait tout en retenue, arrive à nous saisir à la gorge lors de nombreux passages. Ses personnages reflètent vraiment les émotions qui les parcourent, de l’abattement à la folie, de l’hallucination à la résignation.

Ce volume est une lecture qui sort du champ de mes habitudes littéraires. Je l’ai prise plus comme un documentaire, romancé, certes, sur les enfants soldats. Le résultat? C’est révoltant. L’auteur réussit à faire passer son lecteur par tout un spectre d’émotions qui servent le propos et savent le titiller là où ça fait mal. Si la lecture n’est ni reposante, ni un moyen de s’évader (on est loin des super-héros) elle me semble portant nécessaire, ne serait-ce que pour éveiller les consciences.

Teddy Bear? Un comic à faire étudier en classe!


      • Titre: Teddybear
      • Album: 128 pages
      • Editeur : Ankama – Label 619 (20 avril 2018)
      • Collection : Doggybags
      • Langue : Français
      • ISBN : 978-2359105254

    
HISTOIRE
90%
   
DESSIN
90%
    
COLORISATION
90%
    
CARACTÉRISATION
95%
    
AMBIANCE GLOBALE
95%

 

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