Blood Moon

Au Label 619, il existe une gamme qui, en plus de leur recueil Doggybags/LowReader, me parle beaucoup : leur format Doggybags/LowReader Presente !

Aujourd’hui, c’est au tour d’un nouveau venu, à savoir “Fred Bones“, de se présenter à nous avec son titre : Blood Moon.

Les formats Presente ont, à mon sens, la force des recueils du DB/LR mais avec une plus grande liberté pour permettre à leurs auteurs de nous offrir la vision complète de leur œuvre plutôt qu’un simple avant-goût sur une vingtaine de pages. Je suis extrêmement fan des formats recueil, mais la force du Label pour moi réside dans sa richesse de talent.

Ici, cela ne déroge pas à la règle avec ce thriller spatial. Au menu, de la crasse lunaire, des meurtres, des bars louches, des bargeots, une enquête, le tout accompagné d’un coup de crayon qui n’est pas sans rappeler l’influence du Grand Mignola.

Attention cependant, même si l’on retrouve par moment une influence de Mignola, Fred Bones s’en détache totalement par la composition des planches qu’il nous propose, parfois dignes d’un storyboard avec de belles doubles pages, riches en contrastes et en nuances mais toujours avec une maîtrise parfaite de l’ombrage. Son trait anguleux nous fait vraiment ressentir la misère de son univers.

Côté pitch, vous l’imaginez bien, nous sommes sur du 100% thriller spatial. Nous allons donc suivre en 2101 le préposé à la sécurité sur la colonie minière M-Mining 03, qui, suite à la découverte de deux cadavres dans un état plus que laborieux, va devoir mener l’enquête et éclaircir les faits. Benjamin, de son doux nom, va donc devoir creuser là où ça dérange, et très vite il va se rendre compte que quand on n’a pas la main verte, on ne creuse pas n’importe où !

Si le scénario est relativement classique, en même temps, pourquoi réinventer le genre pour le plaisir de le réinventer, cela fonctionne parfaitement, malgré quelques petites facilités scénaristiques ici et là qui font que par moments, on est un peu frustré car on aurait aimé approfondir un peu plus. C’est le choix de l’auteur et on le prend tel quel. Ces choix donnent un certain rythme au récit et guide le lecteur vers la direction choisie. L’univers est vraiment cool graphiquement, à tel point que lors de notre lecture, on aimerait creuser d’avantage certains endroits ou relations, mais l’essentiel n’est pas là, l’essentiel est l’enquête et la sensation d’urgence que va ressentir Benjamin. Si dans l’ensemble ça fonctionne et on se laisse prendre au récit, il y a à deux moments ou une situation m’a fait tiquer dans ma lecture, Benjamin est présent dans les cases de la BD mais pour moi, lecteur, je n’ai pas eu la sensation qu’il était là, un peu comme dans la vraie vie, tu es là physiquement mais pas vraiment présent. Peut-être juste une impression de ma part. Passé ces deux petits “arrêts”, la lecture a déroulé à une facilité déconcertante, me laissant grandement admirer les panoramas spatiaux qui nous sont offerts, je suis particulièrement friand du jeu d’ombrage mis en valeur par des noirs profonds venant appuyer les couleurs plus ou moins chaudes.

J’aurais aimé quelques petites pages supplémentaires pour dynamiter la conclusion de manière encore plus “cinématographique” que ce qui nous est proposé, mais vous savez ce qu’on dit, il n’y en a jamais assez quand on aime quelque chose.

Pour Blood Moon, c’est totalement ça, j’ai aimé ma lecture du début à la fin et arrivé à la fin, j’en voulais encore ! En tout cas, Fred Bones, rejoins le panel d’artistes dont j’irai voir leurs prochaines œuvres avec grand plaisir, et une fois de plus, le Label 619 nous montre tout son talent pour dénicher et offrir à ses lecteurs de nouvelles expériences !

Bonus : Comme a son habitude le Label 619 nous gâte, car, en plus de leur qualité de fabrication de déglingos, il nous ont concocté une OST pour vous mettre bien pendant votre lecture !