Stellar Blade
Stellar Blade
Nous y voilà, après le calme sur le blog, voici la tempête ! Pour ce retour tambour battant, quoi de mieux qu’un bon petit jeu bien pêchu ? Aujourd’hui, et vous l’aurez vu au titre de cette chronique, on va s’attarder sur Stellar Blade !
Annoncé en grande pompe par Sony comme une nouvelle licence forte, on a facilement pu y reconnaître, nous joueurs, un petit goût d’héritage des Nier aux influences à la Sekiro ou encore Bayonetta. Mais les promesses et espoirs des trailers n’étant pas toujours ceux des résultats finaux, j’ai pu prendre en main grâce à PlayStation France ce jeu pour vous en proposer le test.
On ne va pas se mentir, si l’environnement graphique et l’univers un peu post-apocalyptique ainsi que le système de combat dopé façon A-RPG m’ont titillé, j’étais plutôt dérangé par la caractérisation d’Eve, l’héroïne que nous allons contrôler durant toute notre partie. Extrêmement mise en avant dans les trailers avec des tenues plus que suggestives et des angles de vue très bien choisis, je craignais que le jeu ne se base uniquement sur cet aspect pour attirer en mode fan service et oublie l’essentiel. Alors je vais directement donner mon avis là-dessus comme ça on s’en débarrasse et c’est réglé : si vous avez lu mes précédentes chroniques, vous avez bien capté que j’aime customiser mes personnages avec armes et costumes, sauf que ici, bah les armes ne se customisent pas, et les costumes eux, au nombre de 30, servent plutôt à avoir un œil lubrique qu’à apporter quelque chose de concret au jeu. Le point négatif à mes yeux, c’est que, d’une part, certaines tenues sont nulles et totalement hors univers. Je ne comprends pas l’idée de proposer un body en dentelle pour aller fracasser du monstre dans une ville en ruine, mais bon, passons. De plus, ils n’apportent aucun bonus ou malus à notre aventure, et c’est là pour moi le point fort. C’est purement esthétique. De fait, je n’ai même pas récupéré la moitié des costumes. Je suis allé regarder sur Internet l’intégralité des costumes pour viser ceux qui me convenaient le mieux. Eh bien sachez, Mesdames et Messieurs, que la tenue de motard quotidienne est plutôt sympa. D’autres costumes ont également un peu de classe, mais on a parfois quelques détails qui me gênent. De fait, j’ai joué la sobriété ! Par contre, force est de constater que techniquement, le souci des détails apporté par Shift Up est impressionnant, que ce soit sur les costumes d’Eve ou ceux des personnages secondaires. Mais je reviendrai là-dessus un peu plus tard.
Stellar Blade a donc pointé le bout de son nez le 26 avril dernier, et c’est au bout de 30h de jeu que j’ai vu l’aventure se terminer. Malheureusement pour moi, je me suis fait avoir sur quelques quêtes annexes que je n’ai pas pu finir, car j’ai franchi le point de non-retour pensant que « mais si je pourrai revenir » ! Spoiler : un point de non-retour ne permet pas de revenir plus tard, d’autant plus que les événements font que c’est narrativement impossible. C’est donc sur un New Game + que je connaîtrai les résolutions de ces quêtes-là !
Mais concentrons-nous sur l’essentiel ! De quoi parle Stellar Blade ? Comme je vous l’ai expliqué, l’aventure se déroule dans un monde post-apocalyptique dans lequel l’humanité a perdu la dernière guerre face à un ennemi aussi redoutable que surprenant, sorti de nulle part et avec une puissance inégalée. Ils ont réussi à conduire l’espèce humaine à son déclin avec une rapidité déconcertante. L’humanité a pu survivre sur une colonie artificielle en orbite de la terre. Aujourd’hui, il est temps de lancer la contre-attaque et de reconquérir la planète. On incarne donc Eve, soldat de l’escadron aéroporté missionné pour mettre un terme à la menace des Naytiba et notamment le Naytiba Alpha. Cependant, une fois sur terre, ce plan savamment mis en place va prendre une autre tournure et notre aventure démarre dès le crash de l’escadron sur terre !
C’est donc après cette introduction que Stellar Blade, du fait de sa démo d’environ 1h, a su me convaincre ! Par sa proposition graphique, sa bande-son magique et son gameplay extrêmement addictif et bien pensé ! C’est clairement cette démo qui m’a fait accepter ce test, sans ça, je pense que je serais passé à côté du jeu et que, clairement, aujourd’hui je peux vous le dire : je l’aurais regretté !
La proposition de Shift Up est plus que convaincante. Rappelons qu’il s’agit là de leur premier jeu (console et Triple AAA) et qu’il est à mes yeux extrêmement ambitieux ! Si la proposition d’aventure est prometteuse dans les faits, c’est un poil moins le cas. Alors attention, l’histoire en elle-même se tient, les enjeux, les tenants et aboutissants, aventure, mystère fonctionnent parfaitement, mais sont extrêmement classiques. J’ai senti arriver tout ce qui se passe dans la trame principale, excepté les 2 missions secondaires que j’ai raté et qui me frustrent pas mal ! Mais est-ce vraiment un défaut ? Certainement pas à mes yeux, car la proposition qui accompagne cette histoire « simple » compense largement. Le jeu est généreux et facile d’accès, mais exigeant. On se laisse donc porter à découvrir l’univers et ses 5 biomes plutôt grands et en monde relativement ouvert. Sans jamais rentrer dans des réflexions philosophiques, le scénario reste en surface de tout ce qu’il aborde. De fait, on ne sent pas d’implication majeure pour tel ou tel sujet. Ça se ressent notamment avec la VF, qui est à la fois un point positif et un point négatif à mes yeux. Mais pour des raisons culturelles, je pense. Le positif, c’est que le jeu est entièrement traduit et doublé en français et de plutôt bonne facture. Cependant, cette traduction apparaît en décalage avec les personnages que l’on rencontre. Je l’ai trouvé plate, voire parfois niaise lorsque l’on échange avec un certain PNJ qui nous missionne. Par exemple, on nous demande de partir à la recherche d’un défunt mari avec l’enthousiasme et la tristesse d’une huître. On y trouve autant d’élan que papi qui va acheter sa baguette. Du coup, ça casse un peu la dynamique mise en place par le rythme de la narration. Heureusement, la possibilité de basculer en VOSTFR corrige pour moi ce manque d’entrain et permet de garder cette dynamique même dans les échanges. C’est d’ailleurs aussi le cas avec Eve qui, malgré son évolution et sa réflexion sur l’environnement et le monde qu’elle côtoie et qu’elle voit disparaître, manque un peu de profondeur. Ce côté un peu niais donne parfois envie de la secouer. Il lui manque un peu de personnalité, mais c’est en même temps expliqué de manière implicite étant donné l’origine du personnage que je me garderai pour ne pas vous spoiler. Personnellement, j’y vois 2 lectures, certes pas de grande lecture métaphorique sur le sens de la vie, mais la graine est posée à vous d’en faire ce que vous voulez. Attention tout de même, bien que ce soit une petite faiblesse, ce n’est pas mauvais, comme je le disais, tout se tient et même si la fin est une suite logique déjà vue, c’est très bon !
C’est un peu comme quand tu vas chez mamie, elle va te faire des frites maison à sa façon, tu le sais, tu les connais, tu y vas, et c’est toujours un régal !
Le régal, c’est aussi comme je vous l’ai dit plus haut la partie gameplay, riche, simple, efficace, pêchue et dynamique. Que ce soit le système de combat fonctionnant avec les esquives et les contres ou le level up façon A-RPG avec un spherier qui a le bon goût d’être facile d’accès et de ne pas se perdre dans des tonnes d’options. Si Stellar Blade devait se qualifier en un seul mot, c’est « l’optimisation ». Tout est bien pensé et tombe sous la main, les combats, les enchaînements, les objets, les techniques évolutives, chaque combinaison de touches est pensée pour que ça tombe sous le sens pendant les phases de combat. J’ai pris un vrai plaisir à aller fracasser du Naytiba.
D’ailleurs, ces derniers et le chara design général du jeu sont vraiment géniaux, que ce soit dans les décors en ruine ou les personnages/monstres au global sont ultra léchés ! Par moment, le jeu se transforme presque en Survival à la Dead Space avec des monstruosités à vous en faire faire des cauchemars ! D’autres sont plus adaptés à des environnements désertiques ou sombres. Bref, le bestiaire est riche, varié et très généreux.
En plus de Eve, des environnements du jeu et du bestiaire, on fait équipe avec 2 autres personnages qu’on rencontre très vite dans le jeu, à savoir Adam et Lily. Oui oui, les prénoms ne sont pas non plus des plus recherchés, mais ils restent dans la thématique que le jeu propose. Leur design est très très cool, mis à part la tenue de Lily que je ne comprends pas. On dirait une ado avec une tenue plus qu’échancrée. Mais bref, les us et coutumes coréennes ne sont sans doute pas les mêmes que les nôtres et ne les connaissant pas, je ne me permettrai pas de porter de jugement. Cependant, le chara design des 2 personnages de la mission secondaire avec Enya et Su est complètement fou ! J’ai adoré cette proposition et la quête qui nous est proposée. C’est d’ailleurs suite à ça que j’ai cherché un peu ce qu’avaient déjà fait les membres de Shift Up et à ma grande surprise, cette recherche a fait remonter à moi un souvenir d’un jeu qui a énormément marqué mon adolescence à savoir Magna Carta. C’est en effet Kim Hyung-Tae, un des deux fondateurs qui est à la tête du studio Shift Up et qui a créé les designs de ce jeu. La boucle est bouclée et je vous avoue que rien que pour ça j’aime encore plus Stellar Blade !
Alors certes, Stellar Blade ne propose pas le scénario le plus poussé, mais il propose un scénario solide et prenant, avec de nombreuses quêtes secondaires qui ont le bon goût de ne pas être répétitives et permettent chaque fois de récupérer des récompenses utiles à l’évolution d’Eve dans le jeu. Parfois des tenues, d’autres fois des composants d’évolution d’arme ou de drone, qui d’ailleurs se transforme en gun et donc les animations sont complètement folles (regardez un peu comment Eve range son épée dans son chignon pour voir le détail apporté par Shift Up). Mais je reviendrai sur la technique dans quelques lignes. Bref, Stellar Blade est un jeu riche de son histoire et de ses quêtes annexes, de par ces collectibles trop nombreux à mon goût, mais qui permettront aux plus friands de se régaler et de son super mini-jeu de pêche ! Non, c’est faux, ce jeu est archi nul et ce n’est pas parce que je n’ai pas réussi à pêcher de poisson, bon OK, un peu quand même. C’est marrant de tomber dessus dans notre aventure, mais en soi, il n’apporte pas grand-chose. Je préfère largement mettre Eve en hauteur avec une vue sur un panorama à couper le souffle pour écouter la BO que jouer 5 minutes à ce jeu de pêche de l’enfer !
Et quand je dis enfer, je ne parle pas du niveau de difficulté que j’ai trouvé extrêmement bien calibré, à ma grande surprise. Jamais de frustration malgré le côté Sekiro et Souls, les batailles sont satisfaisantes et sont grandement aidées par un gameplay en combat extrêmement varié, corps à corps, combo, attaque à distance avec le pisto-drone, diverses munitions, mais en quantité limitée pour ne pas en abuser. Un travail d’équilibrage sur toutes les facettes du jeu a été réalisé et c’est une des grandes réussites à mon sens.
Mais les longues batailles contre les boss pas toujours évidentes sont agréables. Je n’aurais jamais cru dire ça un jour, mais j’ai pris plaisir à mourir ! Arriver à capter le pattern d’attaque du boss, revenir le défoncer et découvrir qu’en fait son pattern n’était pas complet, revenir refaire ! C’était ROYAL !
En revanche, Messieurs de Shift UP, c’est quoi ce Platforming à deux balles ? Voilà le point noir du jeu. Heureusement, elles ne sont pas nombreuses, mais les quelques passages en Platforming pour sauter d’endroit en endroit sont tellement hasardeux que je me suis fâché tout rouge un grand nombre de fois. C’était très compliqué de sauter d’un plan A à un B et de ne pas y arriver à cause d’une caméra hasardeuse ou d’un saut trop long ou trop court, ragggghhhh, mais ça, c’est vraiment l’enfer. Heureusement, il y a très peu de passages de ce genre pour mon self-control !
Pour compenser ce petit enfer et que le jeu nous soit encore plus savoureux, Shift UP a pensé le jeu avec une touche RPG, avec son spherier qui permet de faire évoluer puissance, vitesse, combo et même ouvrir nos possibilités à de nombreuses autres compétences sans jamais nous submerger d’options qu’on oublie. Si les costumes eux n’apportent rien d’autre qu’un changement esthétique, le studio nous permet de créer des builds en fonction de nos affinités de bataille avec les exospines et les emplacements d’insignes. J’ai orienté ma build corps à corps, vitesse et briseur de bouclier, ce qui a rendu mes phases de combat encore plus intenses et dynamiques. Notamment lorsqu’on débloque le mode Berserk-Gunm, mais je vous laisse découvrir ça. J’ai pris un plaisir à enchaîner combos et belles cinématiques sur les attaques rapides, quelle satisfaction ! Vraiment, le studio a peaufiné ça comme j’ai rarement vu. J’ai vraiment eu l’impression que tout a été réfléchi à la microseconde près. D’ailleurs, le code couleur pendant les combats pour esquiver, parer, repousser est très malin. Il n’est pas intrusif et se fond totalement avec les ennemis et les phases de combat. L’immersion est totale.
Parlant d’immersion, parlons un peu techniques et graphismes. Comme d’habitude, vous commencez à connaître mon avis là-dessus, mais force est de constater que Stellar Blade est optimisé comme peu de jeux ! Il propose donc 3 modes de performance, à savoir un mode performance à 60 FPS avec les détails graphiques un peu moins élevés, un mode graphisme à 30 FPS laissant la part belle à la partie graphique justement, et un mode équilibré plutôt bluffant tournant à 60 FPS en baissant un peu la qualité tout en restant très honorable. J’ai joué toute ma partie sous cette configuration et j’ai été vraiment surpris du résultat. Aucun accroc. Encore une fois, l’optimisation est exceptionnelle et à mon grand regret, si j’avais pensé dire ça un jour, il me manque le mode photo. J’aurais tant aimé pouvoir prendre de belles photos au vu de certains environnements et certains combats de boss. J’espère une mise à jour le rajoutant, avec pourquoi pas un petit DLC pour relancer un New Game + qui serait parfait !
Côté technique encore, la manette de la PS5 est mise à l’épreuve et poussée à son paroxysme. On sent les pas de Eve, la pluie tombante, la prise sonore lors des parades ou encore le capteur vibratoire lorsqu’un objet un peu « premium » est détecté. Chacune de ses possibilités est prise en charge par la manette DualSense est avec un résultat bluffant.
J’en ai rapidement touché un mot, mais la bande-son est sublime ! Je n’ai qu’une hâte c’est une sortie vinyle de l’ensemble des titres, je peux les écouter en boucle des heures durant, c’est doux et envoûtant, elle vient facilement se glisser dans mon top 5. C’est évidemment très personnel, mais je pense qu’elle aide grandement à l’immersion, notamment lors de la découverte de grandes étendues dans les biomes, l’impact est saisissant.
C’est donc avec un mea culpa auprès de tous ceux à qui j’ai dit que Stellar Blade serait un ersatz du pauvre de Nier ou Bayonetta. Après avoir pu faire ce jeu et l’avoir maîtrisé, je peux clairement dire que la mise en avant médiatique a vraisemblablement pris le mauvais coté du jeu. Le jeu a tellement de qualité que mettre en avant tout ce qui est « optionnel » est à mon sens un non-sens justement.
Le fait d’avoir lâché une démo quelques semaines avant la sortie du jeu a, je pense, été salutaire, du moins ça a été le cas pour moi, parce que clairement sans la démo je n’aurais pas voulu tester le jeu. Shift UP réussit avec son premier jeu à nous offrir sa vision du monde console, avec ses choix artistiques sans jamais obliger le joueur à adhérer à l’hyper-sexualisation du personnage. Je me suis senti libre de faire ce que je voulais, l’histoire était claire, les missions secondaires suffisamment nombreuses et diversifiées sans jamais être répétitives ou rébarbatives et surtout, malgré un nombre de collectibles, tenues, très important, on peut être récompensé de cette chasse ou la laisser totalement optionnelle sans jamais être pénalisé. À aucun moment le jeu n’est perds en qualité par nos choix et on devrait retrouver ça plus souvent.
Stellar Blade est pour moi l’excellente surprise que je n’attendais pas et sur lequel j’ai pris énormément de plaisir et qui me donne envie d’en avoir encore un peu plus pour retourner accompagner Eve dans ses aventures. Il y a vraiment matière à faire et je ne cracherai clairement pas sur un petit DLC.
Laissez donc une chance à ce jeu, vous ne le regretterez pas !
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