Rahan Intégrale noir et blanc : Tome 1
Rahan
Vous le savez (ou pas, d’ailleurs), mais Chroniques Comics travaille en partenariat avec plusieurs éditeurs qui nous mettent gracieusement à disposition certaines de leurs parutions. Et donc, avant de commencer cette chronique, je voulais remercier les Éditions Soleil pour m’avoir fait parvenir le Tome 1 de l’Intégrale noir & blanc de Rahan. Ce n’est pas une madeleine de Proust que j’ai entre les mains, c’est carrément une palette ! Eh oui, prévue en cinq Tomes, cette intégrale ne fait pas moins de 600 pages pour un poids de plus de 2 kilos. Ou comment allier lecture et fitness.
Si vous ne le connaissez pas, Rahan est le fils de Craô, le sage. Dans une version de la préhistoire qui ne s’encombre pas de précisions scientifiques, Rahan fait partie de Ceux qui marchent debout, alias les homo sapiens sapiens.
À la mort de ses parents, Rahan est adopté par Craô, le chef de la tribu du Mont Bleu, un volcan éteint. Sauf que le Mont Bleu entre en éruption et Rahan se retrouve une fois de plus seul, avec comme unique héritage son collier composé de cinq griffes, symbolisant les vertus de Ceux qui marchent debout. Rahan entame alors une quête humaniste, allant à la rencontre d’autres tribus et leur apportant à chaque fois son aide pour résoudre les problèmes auxquels ils peuvent être confrontés. Dans ses pérégrinations, il s’emparera du coutelas d’ivoire d’un chef ennemi. Ce même coutelas qui lui servira de boussole dans chacune de ses aventures pour déterminer vers quelle direction poursuivre son chemin et trouver la Tanière du Soleil.
Ce Tome 1 de l’Intégrale comporte pas moins de 27 aventures de Rahan, publiées dans Pif entre 1969 et 1971. Rassurez-vous, je ne vous ferai pas le résumé de chacune de ces histoires. Néanmoins, format Intégrale oblige, l’œuvre de Roger Lécureux (au scénario) et André Chéret (au dessin) commence par la toute première histoire de Rahan. Si le héros a déjà son look définitif de grand blond vêtu d’un pagne, on constate que le dessin de Chéret évolue tout au long du volume, pour devenir plus affirmé. Le noir et blanc permet d’apprécier pleinement le trait de l’artiste et de s’attarder sur beaucoup de petits détails graphiques se rapprochant du travail de Russ Manning ou Joe Kubert sur Tarzan.
Tarzan à qui Lécureux a beaucoup emprunté pour son personnage, d’ailleurs, la jungle de l’un pouvant se substituer à la préhistoire de l’autre. Pareillement, question look, on est très proche. Il n’y a que dans la caractérisation des personnages que des différences apparaissent. En effet, si Tarzan (dans les livres originaux) est attaché à sa condition humaine, il se définit plus comme un singe dans ses comportements que comme un homme. Ça n’évoluera que plus tard vers une version plus humaniste du héros dont Rahan se rapproche, surpassant même son modèle. Car c’est ce qui est intéressant chez Rahan, son amour immodéré de l’autre, la fraternité qu’il promeut entre les différentes tribus/peuples qu’il croise. Rien d’étonnant à cela, la série étant publiée dans Pif, publication jeunesse fortement orientée communiste. Politique mise à part, Rahan est un véritable héros de B.D, qui n’a pas besoin du préfixe « super » pour s’imposer.
Ce pavé est une vraie bouffée de fraîcheur à (re)lire. Si le dessin est intemporel et vraiment mis en valeur par le noir & blanc, les textes, même un peu surannés, gardent leur impact émotionnel. Assurément un beau cadeau à faire aux lecteurs de tous âges qui seront ravis de le voir sous le sapin. À coupler, pourquoi pas, avec le Tome 2 disponible en décembre.
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