Hellbound – L’Enfer : Tome 2
Hellbound – L’Enfer
Je n’ai toujours pas vu la série Netflix, mais après un Tome 1 qui prenait aux tripes, j’attendais la suite de Hellbound pour voir ce que ça allait donner. Allez, on ouvre le Tome 2 et on en parle.
Neo Veritas a pris de l’ampleur. Tout le monde craignant d’être victime de la colère divine, ils se sont imposés en chantre de la vertu et de la bien-pensance, les seuls vrais détenteurs de la parole divine. Pour tout dire, personne n’ose les critiquer de peur de recevoir une damnation. Par effet de ricochet, les Pointes de la Flèche s’imposent comme seule vraie police, une Hay’ah toute puissante. Mais dans l’ombre, la résistance existe et refuse de laisser Neo veritas imposer sa loi au peuple et surtout, diffuser en direct les damnations. Mais un jour, un nouveau-né innocent va recevoir la notification de sa damnation.
Une fois encore, Sangho Yeon, en utilisant une ambiance glaçante et le fantastique, nous permet de nous poser des questions sur nous-même et notre société. Sans obérer de ce qu’il peut se passer en Corée du Sud, je trouve que la thématique de la religion toute puissante, dictant sa loi au peuple par sa propre interprétation des faits, fait sens à notre société. Notre monde occidental qui a vu la main-mise du christianisme à une certaine époque, mais surtout les montées des extrêmes/extrémistes religieux qui tentent d’imposer leur dogme, à défaut de prôner leur religion. Dans Hellbound comme dans le monde réel, les religions se sont toujours imposées par la peur (de l’au-delà ou de la décapitation, pas de grande différence, sauf que dans un cas, on est certain de mourir tout de suite). En cela, le porte-parole des Pointes de la Flèche, recevant lui-même une notification de damnation est le parfait exemple du fanatique bas de plafond qui, même devant l’évidence, parvient encore à se faire retourner le cerveau par Neo Veritas.
Au dessin, Gyuseok Choi ne change pas son fusil d’épaule par rapport au premier volume. Le rythme et la mise en page sont lents, faisant la part belle à la contemplation. La série n’est, de toute façon, pas conçue pour être dynamique. Au final, cette composition des planches s’accorde au propos, laissant la moiteur de l’histoire, son propos sous-jacent, s’immiscer dans le subconscient du lecteur.
Si je vois dans cette série une critique de la religion, ou des religions, ce n’en est qu’une interprétation personnelle [et franchement, on ne peut pas faire l’impasse sur la part de croyants dans notre lectorat]. Ce postulat pourrait être soumis à débat et chacun aura sa propre interprétation. Ce qui est certain, c’est que le titre donne à réfléchir sur ce à quoi on croit, ce qu’on est prêt à accepter, quelles sont les limitations que l’on peut nous imposer? Vous avez quatre heures!
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