Gris
Gris, c’est au départ un jeu que je ne connaissais pas, que je ne pensais pas avoir besoin et pourtant, une fois en mains, je me suis rendu compte que je l’attendais depuis toujours. Emprunt d’une douce mélancolie, il résonnera en vous et fera vibrer ce sentiment que vous chérissez de tendresse, de solitude, de dépression, mais également de souvenir, de bonheur et de courage. Une ode profonde et inspirante qui vous glisse avec délicatesse le message de ne jamais abandonner.
Pour ce faire, Gris vous propose un gameplay sous forme de plateforme, accompagné de petits puzzles, le tout sur un défilement de niveaux principalement à l’horizontale et à la verticale. Ici, aucun combat, aucun boss, aucune difficulté, aucune mort… enfin, presque. Parce que oui, Gris a une histoire que l’on devine à travers notre aventure : celle d’une perte, de ses conséquences, et de la façon de l’affronter et de « remonter la pente ». Avec douceur, à travers Gris, ce personnage que l’on contrôle, nous allons être confrontés à divers petits défis et obstacles que nous devrons surmonter.
L’ensemble est fluide et délicat, il est impossible de se perdre ou d’être bloqué. L’histoire, ainsi que l’environnement artistique et musical, sont organiques et nous livrent une seule et unique prestation : cette aventure.
C’est d’ailleurs une des critiques qui revient le plus lorsque je conseille ce jeu aux gens et qu’ils ne sont pas « touchés » par l’œuvre. Leur principal grief est : « il n’y a pas d’histoire », sauf que l’histoire est là, devant nos yeux. Gris nous propose une histoire sous forme de métaphore, que ce soit par les interactions avec les obstacles que nous rencontrons dans le jeu ou même les créatures que l’on voit, l’évolution de Gris et de ses capacités qui nous permettent de passer les niveaux. C’est une douce mélancolie exaltante, qui vient nous toucher dans les sentiments les plus enfouis.
Ces sentiments, d’ailleurs, vibreront et s’émerveilleront devant un monde qui, au départ, aura bien triste mine avec un parti pris graphique en noir et blanc, mais qui, au fil des niveaux, sera mis en couleur avec une sensation de peinture à l’aquarelle par Conrad Rosset. Il remplira cet univers de détails délicats : de la feuille qui bouge aux papillons qui volent, en passant par le bruit d’une goutte d’eau ou un rayon de soleil qui viendra illuminer un petit recoin. Savamment construit, ses couleurs apparaîtront au même rythme « narratif » que Gris se reconstruira, chaque zone représentant une sorte de cap passé pour sortir la tête de l’eau.










On sent tout l’amour que les développeurs et le studio ont mis dans ce jeu qui, en plus de se targuer d’avoir de superbes graphismes, a le bon goût de nous choyer les oreilles avec des compositions au piano envoûtantes, signées Berlinist, jouant sur une sensibilité que même vous ne soupçonniez pas. Le mariage graphique et musical apporte une expérience de jeu purement émotionnelle, qui justifie pleinement l’hommage « multimédia » au premier degré. Chaque aspect de Gris est à couper le souffle et ne fera que renforcer ce sentiment unique qu’il vous procure.
Il n’est pas très long et se termine en environ 4 heures, mais la rejouabilité, malgré sa courte durée de vie, est toujours plus intense, car les fois suivantes, on se laisse prendre par des détails différents pour un résultat toujours identique : une sensation de bien-être après avoir fini ce jeu.
Je suis totalement conscient que cette chronique ne fait pas honneur à ce jeu et à l’amour que j’en ai pour lui, mais il est difficile pour moi de faire mieux, car à mes yeux, Gris est un jeu qui se vit, pas qui s’écrit. Il n’y a aucunement besoin de mots, il suffit de regarder les captures d’écran du jeu ou de le lancer pour laisser la magie opérer.
Si vous avez un peu de temps, l’envie, lancez Gris et laissez-vous porter.
Pour ma part, je retourne sur Neva, second titre du studio, avec la même direction artistique et musicale, et qui, pour ce que j’en ai déjà vu, est dans la droite lignée de Gris, en proposant un tout autre univers. Mais ça, je vous en reparle très vite.
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