Gregory Sand
Certains comics, lorsqu’on voit leur couverture la première fois et qu’on en lit le résumé, on se dit « C’est quoi ce truc au juste ? ». Gregory Sand est de cette veine. Une fois le pas franchi on accède alors à un tout nouvel univers.
Gregory Sand, le héros de ce volume, est un justicier des rêves. Ou plutôt, des cauchemars. Dévoué à la cause humaine et prêt à aider son prochain, il s’infiltre dans notre subconscient onirique pour revêtir les atours de notre totem protecteur, à la manière du Patronus cher à Harry Potter. Non content de remplacer avec bonheur le somnifère le plus courant, le héros a également une dimension mythologique. Car nos rêves sont le champ de bataille d’une guerre faisant rage depuis des millénaires entre anciens Dieux Grecs.
S’incarnant physiquement dans le corps d’un mortel dans le coma, Hypnos, alias Gregory Sand, combat ses ennemis, parmi lesquels sa propre progéniture, Morphée en tête. Il est, pour ce faire, aidé par une femme flic qui est la propre petite amie du corps qu’il occupe.
On le voit, le postulat de départ semble simple et être une resucée des différentes incarnations du Sandman. Que ce soit la version Simon/Kirby, ou surtout celle de Gaiman, utilisant les mêmes ressorts narratifs se référant à la mythologie Grecque. Là où Mobias diffère totalement dans son traitement de l’histoire, c’est que le combat entre ces différentes forces est bien réel. On n’est pas dans un conte de fées, mais plutôt dans un conte de Grimm. Et les motivations des protagonistes ne sont pas toutes désintéressées et altruistes.
Je ne m’étendrai pas sur les différences et les similitudes entre Sandman et Gregory Sand, car je ne connais pas assez le travail de Gaiman tout au long de son œuvre pour en donner une vision objective et référencée. Néanmoins, en tant que série totalement indépendante, gregory Sand est une histoire bien construite, à plusieurs paliers, mais également documentée. Et, plus important, intelligente et agréable à lire.
Un des autres points forts de l’histoire, ce sont les dessins de Josselin Billard. En quelques traits, et avec un sens graphique appuyé, il réussit à nous immerger dans le comic sans qu’on n’ait rien vu venir. Le découpage est précis et suit l’histoire pour la mettre en valeur, par une mise en page originale et un jeu d’ombres instillant une ambiance sombre, cauchemardesque. Le seul reproche serait, justement, une trop grande utilisation de couleurs sombres pouvant nuire à la lisibilité des dessins. Par contre, le soin apporté aux personnages et aux principaux éléments du décor, ressortant sur un arrière-plan épuré, permet de profiter au maximum de l’histoire.
Le ton de Gregory Sand est résolument sombre, que ce soit dans son scénario ou dans sa mise en images. Mais l’humour est présent, par petites touches, tout comme l’espoir. Et je ne peux pas résister à Gregory Sand incarné en nounours bleu pour défendre une petite fille rêvant d’être une princesse ! Et tout ça sans mièvrerie, en restant malgré tout adulte et tout public à la fois.
C’est donc une très bonne surprise que cette série proposée par Wanga Comics.