Ether – Tome 1
Voilà un Éther qu’il est bon de sniffer. L’assassinat de la Flamme d’Or promet une enquête à la lisière des dimensions. De l’Indé comme s’il en pleuvait.
Boone Dias est un scientifique de l’extrême. Il a trouvé un portail interdimensionnel et ramène de ses voyages en Éther, plus particulièrement dans la ville d’Agartha, un bon nombre d’échantillons « magiques » à étudier. Enfin, magiques n’est pas vraiment le mot. Disons plutôt une science non encore découverte. Mais ce n’est pas tout. Dias est également un détective de talent. Ses pensées rationnelles, considérées comme une maladie en Éther, lui permettent de résoudre des cas semblant perdus pour les habitants de cette dimension. Avec des résultats parfois mitigés, néanmoins.
Matt Kindt fait des infidélités à Valiant et son Ninjak en nous proposant cette nouvelle série chez Dark Horse (Urban, chez nous). Son histoire de voyageur dimensionnel est à la frontière entre Lewis Caroll et les propositions habituelles du comic, un titre comme Obscuria en tête. D’un autre côté, son héros se rapproche plus du Dr Jones (père) par son obsession pour son travail que d’Alice… Bien que l’autre Dr Jones, Indiana, semble lui offrir son goût pour l’aventure. Si on rajoute à ça un peu de cyberpunk, de la magie à foison et une bonne dose de scepticisme, on pourrait croire que Éther n’est qu’un gros melting pot. Alors que le titre est plutôt bien construit, mêlé d’une intrigue policière qui tient la route et de personnages bien caractérisé. Avec une préférence pour Glum, le gardien du portail entre les dimensions, un singe géant adapte du coup de pied au cul. Cet humour, omniprésent mais ne prenant pas le pas sur l’intrigue, est d’ailleurs un des points forts du titre.
Les dessins de David Rubin sont, eux aussi, bien barrés. Avec une grosse différence entre la Terre, sombre, à l’encrage plus poussé, et l’Éther au dessin plus simple et au design plus épuré. Cette différence permet au lecteur de bien différencier les deux univers, mais également d’apprécier les traits d’humour du scénariste. On l’a bien vu avec I Hate Fairyland, c’est plus facile de faire rire, tout en montrant des horreurs, avec un dessin enjoué. Toujours au niveau du dessin à proprement parler, je ne suis pas vraiment fan des détails proposés par Rubin, notamment les visages qui sont un peu ratés. Je dois faire une fixette là-dessus, car je trouve que c’est quelque chose qui me dérange de plus en plus dans les dessins… Pour le reste de la partie graphique, on est sur une mise en page classique, qui abuse toutefois un peu des double-pages, sans que ça n’apporte un plus à la lisibilité de l’histoire.
Si Sherlock Holmes devait être un hurluberlu voyageant entre les dimensions, ce serait Boone Dias. Et Glum serait son Watson. Avec ces deux phénomènes, la série nous propose une enquête originale, agréable à lire. Une fois encore, les comics indés nous prouvent que les États-Unis n’ont rien à envier au vieux continent en matière d’histoires sortant des sentiers battus.
|