Hana No Breath – Le Souffle des Fleurs – T1 et T2
Yuri, vous connaissez? Non, je ne parle pas de votre voisin Russe du troisième étage, mais bien d’un genre littéraire propre au manga. Oui, car au fil de mon exploration maganesque, il me manquait un détail important : le manga se sous-catégorise! Là où la B.D et le comics sont assez sobres en matière de genre, le manga trouve un nouveau nom à tout nouveau développement narratif.
Du coup, le Yuri, si vous l’ignorez, correspond à une histoire d’amour entre filles. Enfin, plutôt à une relation intime poussée, quelle qu’en soit la nature. Pas de dérives, donc avec la série Hana No Breath, Le souffle des fleurs. C’est plutôt : « Si tu ne veux pas être mon prince charmant, veux-tu être ma princesse? »
Quid? Eh bien oui, Azami, en première année de lycée, est amoureuse de Gwen, le prodige de l’équipe de basket qui est en seconde année. Lorsqu’elle surprend Gwen dans les vestiaires et se rend compte qu’il s’agit, en fait, d’une fille, elle est complètement abattue! Surtout qu’elle nous avait servi quelques pages auparavant un discours ouvertement homophobe. Aïe! C’est compromis pour le Yuri tout simple.
Finalement, non. Azami, malgré cette découverte, est toujours autant amoureuse de Gwen. Elle va ainsi lui déclarer sa flamme. Bien lui en prend, car Gwen est également amoureuse d’Azami. Les deux filles vont ainsi pouvoir vivre leur amour, sauf qu’elles vont devoir assumer. En effet, le regard de la société et des autres, c’est une chose. Mais en plus tout le monde croit que Gwen est un garçon, ce qui complique fortement les choses.
Le contenu de cette série est dense et se penche sur beaucoup de sujets. Caly, la mangaka, réussit à mixer les ingrédients du Shojo classique (amours adolescentes, rivalités amoureuses, intégration dans le lycée tout comme dans la vie) et à les transposer dans une optique Yuri. Si, au début, Azami se pose comme un fervent défenseur de la cause hétéro, elle va au-delà de ses idées préconçues pour vivre pleinement son amour avec une autre fille. Pire! Il se trouve que le long du développement de l’histoire, il s’avère que c’est Gwen qui a plus de mal à accepter leur relation.
Un autre aspect assez présent dans cette série est le manga de sport, plus particulièrement de basket [il doit bien y avoir un nom pour ça aussi]. Si cette partie est plus discrète dans le premier Tome, bien que ce soit, à la base, la raison pour laquelle on prend Gwen pour un garçon, elle est au centre de l’intrigue du Tome 2. Car oui, Gwen est férue de basket. Tellement, qu’en arrivant à son lycée et constatant qu’il n’y avait pas d’équipe féminine, elle intègre l’équipe masculine. De quiproquo en malentendu, tout le monde la prend pour un garçon, cheveux courts aidant.
Dans le Tome 2, elle intègre un nouveau lycée et une équipe féminine cette fois. Mais son passé et son homosexualité font que les problèmes la poursuivent. Et la jalousie, aussi. Du coup, elle doit cacher, une fois de plus, ces deux « secrets », de façon à ne pas être rejetée par ses nouvelles équipières.
Car c’est de ça qu’il s’agit. D’acceptation, d’intégration. En ça, le scénario de Caly n’en fait jamais trop sur la relation entre ses deux héroïnes ou sur le jugement que peuvent lui porter les autres. Là aussi, la différence entre les deux Tomes est assez marquée. Le Tome un se concentre plutôt sur la relation entre les deux filles, la construction de leur amour. Le second Tome revêt, lui, une dimension plus sociale mettant au centre de l’intrigue l’homosexualité des héroïnes et la difficulté de s’intégrer dans un nouveau groupe.
Niveau dessin, Caly a su trouver le juste équilibre entre le dépouillement des cases purement manga et la description détaillée de l’environnement de ses protagonistes. On se laisse porter par le dessin, toujours régulier et fidèle à lui-même. Pas de chibis, pas de [trop] grands yeux. Juste une histoire qui se déroule de façon naturelle, avec un style graphique agréable à l’oeil. Les pages couleurs sont peu nombreuses mais font leur petit effet. Par contre, je craque pour la couverture du Tome 2, ne serait-ce que pour le regard que se lancent Gwen et Azami.
Je n’étais pas particulièrement tenté par cette série et je dois avouer que je ne me suis penché dessus que grâce à l’insistance de la directrice artistique de H2T et ma rencontre avec Caly. Je sais reconnaître mes torts : je serais passé à côté d’une histoire fraiche et bien construite, qui mérite le détour. Avec seulement deux Tomes [même si j’ai une préférence pour le premier], il serait dommage de ne pas s’y intéresser.