Cafardman
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Cafardman

album-cover-cafardmanAaargh ! Me dis-je en voyant cette bande dessinée posée sur l’étagère de mon libraire préféré ! Quel est donc cet O.D.B.D.B (Objet De B.D Bizarre) ? Tout enveloppé de cellophane, comme mon sandwich au jambon, sa couverture me fait de l’œil. En effet, un nouveau super-héros tout de vert vêtu, fièrement perché sur son vert destrier, combat un monstre tentaculaire l’arme au poing ! C’est une plante ? C’est une sauterelle ? Non, c’est Cafardman !!

Tout d’abord il faut savoir une chose : les cafards peuvent survivre aux radiations nucléaires. Eh oui, c’est scientifiquement prouvé ! Et ça tombe bien, parce qu’à Vierzon, capitale de la France, vous trouverez plus de radiations que de Jacques Brel. Mais également le super-héros local, le bien nommé Cafardman. Il défend la veuve, l’orphelin et occasionnellement les pervers des malfrats, des cannibales, de l’Ordre Vert et des W-utants. Si, si les W-utants, ces mutants venus des terres (encore plus) irradiées, pondant des œufs succulents et ralliés derrière le fanion d’un sigle McDo tenu à l’envers.

la-carte-coloDe péripétie en aventure, notre héros ingénieux accomplira un périple quasi initiatique où ses capacités seront mises à l’épreuve, son intelligence [!] jugée et ses pouvoirs perdus, décuplés et reperdus. Il expérimentera même une expérience mystique de l’après-vie à la non-mort.

Vous l’aurez compris, le ton de cette chronique est aussi décalé que le ton de l’album. En 92 pages, L’Abbé nous pond une farce post-apocalyptique mêlant aussi bien le super-héroïsme que la gaudriole. On n’est pas loin, dans l’esprit, de Hara-Kiri. Et cet esprit iconoclaste est d’ailleurs la marque de fabrique de Aaargh ! dont je vous invite également à lire le magazine.

Ceci mis à part, l’histoire se découpe en petits chapitres, formatés magazine, justement. Autant certaines trouvailles sont excellentes, autant ça part parfois dans le grand portnawak. Âmes sensibles s’abstenir, car il faut parfois une grande ouverture d’esprit pour comprendre les dérives, souvent en-dessous de la ceinture, de l’auteur. Ou alors adhérer tout simplement à son délire.

cafardman-cafardmanCôté dessin, L’Abbé assure aussi la partie graphique avec un trait caricatural, un peu cra-cra, mais sacrément efficace et surtout complètement en adéquation avec l’histoire. Le scénario est bien découpé, les plans nombreux et variés, et l’humour visuel efficace. La colorisation, de son côté, réussit à rendre le tout bien vivant et chaque secteur possède sa luminosité propre.

Même s’il est siglé B.D, Cafardman se classe indubitablement dans la catégorie des French comics, et ça n’a rien à voir avec le suffixe “man” accolé au cancrelat. Tous les codes du comics sont utilisés, mais détournés de façon toujours intelligente, drôle, caustique. L’action n’intervient jamais là où on l’attend, ni de la façon dont on pensait. Et c’est là que réside le tour de force accompli par l’auteur : dérouter le lecteur tout en le divertissant.

Cafarman n’est pas un récit qui vous plongera dans l’introspection et qui n’a rien à voir avec les prises de tête de Kafka et de sa Métamorphose. Il se lit plutôt comme on regarderait Les Feebles, au quinzième degré, au moins. Un divertissement purement de chez nous, un French Comics Alternatif, en somme.

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