Billy Bat – Un voyage à travers le temps
Je me souviens encore de la première fois ou j’ai posé les yeux sur un tome de Billy Bat, il y a de cela plusieurs années, durant une visite dans une librairie. Un personnage tout mignon et une couverture colorée : j’étais persuadé d’avoir affaire à un livre humoristique regroupant des sketchs, comme un Picsou Magasine en somme, mais au format manga.
Bien sûr, tous ces liens se sont faits dans ma tête sur seul jugement de la couverture et je n’avais alors pas fait attention à l’auteur.
Takashi Nagasaki en co-scénariste, mais surtout Naoki Urasawa, celui-là même qui, bien des années auparavant, avait signé des chefs d’œuvre présumés que je n’ai pas encore pu lire, comme Master Keaton et 20th Century Boys, ou l’incroyable Monster, dont je vous parlerai sans doute un jour.
Ce n’est que quelques temps plus tard, à la recherche d’une œuvre adulte et intense, que je me suis tourné vers une libraire qui me conseilla Billy Bat. Celui-là même dont j’avais jusqu’alors défini la catégorie comme enfantine.
Quelle erreur de ma part.
Voilà maintenant environ quatre ans que j’ai entamé cette série et c’est le week-end dernier, lors de la Japan Expo, que j’ai pu mettre la main sur les trois derniers tomes qu’il me manquait. Dans la foulée, j’ai enfin terminé cette aventure totalement bluffante.
Comment parler de ce manga sans en dévoiler l’intrigue ?
Tant de chose se produisent durant ces vingt tomes. Je l’avoue, les délais de parution en France étaient parfois assez longs, avec une attente de plusieurs mois et il était difficile de se souvenir des détails du tome précédent après tant d’attente. Ce problème vous sera donc épargné, si la lecture vous en dit, car l’histoire est enfin complète.
Au début du voyage, j’étais persuadé que jamais l’histoire ne pourrait se conclure correctement tant le postulat est bancal et délicat à aborder.
Kevin Yamagata, un japonais, durant l’année 1949, écrit un comics dont le succès n’est plus à prouver, Billy Bat. Seulement voilà, un jour, par hasard, un policier lui indique que sa création ressemble fortement à un personnage de manga qu’il à déjà vu au Japon. Quelque peu surpris, Kevin décide d’interrompre la publication de son comics pour se rendre au Japon et trouver le créateur de ce manga afin de lui demander l’autorisation d’utiliser son personnage.
Très vite, Kevin va se retrouver impliqué dans un complot alliant meurtres et magouilles politiques qui dépassent son entendement. Tout ça, c’est sans compter sur les apparitions d’une chauve souris ressemblant de façon troublante à Billy, qui lui révèle être là depuis la nuit des temps et avoir régi le destin des hommes à travers les siècles.
Voici TRÈS brièvement sur quoi repose le récit. Entre personnages hauts en couleurs et mystère qui ne cesse de s’accroître au fil des tomes, dévoilant les réponses au compte-gouttes, on ne cesse de s’accrocher au récit en voulant insatiablement continuer cette histoire fascinante.
D’autant plus que des personnages historiquement importants seront présents à travers certains passages de notre histoire, racontés lors de flash-backs essentiels à la compréhension de l’histoire.
Billy Bat est une œuvre étrange, car très souvent la sensation de ne pas avancer se fait ressentir et c’est frustrant. Pourtant, au bout de quelques tomes, on comprend que des événements qui semblaient sans importance servent de pilier à l’avancement de l’histoire. L’apothéose survient lors du dernier tome, où on comprend vraiment ou voulait en venir Monsieur Urasawa.
J’avais vraiment peur quand j’ai appris, alors que j’avais bien entamé la série il y a de cela un an environ, qu’elle se terminerait lors de son vingtième tome relié.
Il était évident pour moi que la série devait en compter au moins le double pour aborder correctement tout ce qu’elle semblait vouloir aborder.
De plus, jamais Urasawa ne se serait vu annuler sa série par son éditeur, l’homme étant, depuis plusieurs années, un auteur majeur au Japon. Il était donc obligatoire que l’histoire se termine correctement, s’il en avait décidé ainsi.
Et jusqu’au dernier tome, j’avais la sensation que plein de choses étaient éludées, que ça allait trop vite, comme si l’histoire avait fini par être bâclée.
Mais finalement, alors que je terminais le dernier tome la boule au ventre, puis que, plus tard, je tournais la dernière pages et fermais le livre, j’ai compris.
Compris le génie de cette histoire, de cette narration et j’étais satisfait.
Alors oui, la direction prise par l’histoire est à des lieues de celle que j’imaginais au début ,mais je m’en fiche. Tant mieux, d’ailleurs.
Je ne peux que vous conseiller ce chef d’œuvre qui est, à mes yeux, un incontournable de la littérature contemporaine et qui, à coup sûr, marquera ceux qui prendront le temps de s’y essayer.