Locke & Key : Ciel et Terre
Si vous suivez régulièrement mes chroniques, nul besoin de m’étendre sur mon amour immodéré de la série Locke & Key. Si ? Eh bien, si vous ne l’avez toujours pas lu, venez me voir que je vous flagelle le pissou en place publique, ou alors lisez les chroniques disponibles sur le blog avant de vous pencher sur l’intégrale de la série.
Tout ça pour nous conduire au nouveau Tome paru chez Hi Comics, Locke & Key : Ciel et Terre. Mais, alors que la série est terminée, c’est quoi ce nouveau volume ?
Le volume se décompose en trois histoires courtes, plus une galerie d’illustrations.
La première de ces histoires, Décrocher la Lune, se déroule au début du 20ème siècle, alors que l’un des enfants Locke est atteint d’une tumeur s’aggravant, son père décide de le conduire, en montgolfière, sur la Lune. Bien évidemment, une clé va lui permettre d’ouvrir la Lune dans le ciel et de confier son enfant aux bons soins de tous ses ancêtres dans un décor de carton-pâte.
La seconde, Grindhouse, met les habitants du manoir face à un groupe de braqueurs, bien décidés à profiter des trésors du manoir et de ses occupantes. Sauf qu’au manoir Locke, ce n’est pas vraiment une bonne idée.
Pour finir, Petit Coin nous propose la découverte d’une nouvelle clé par Bode qui doit assouvir une envie pressante.
Joe Hill est toujours au scénario de ce (court) volume. Dans ces trois histoires, il nous fait passer d’une douce rêverie à une histoire plus orientée action pour finir par ce qui me semble être un peu juste de sa part pour les 4 pages de la dernière histoire.
Si j’adhère à l’imaginaire développé par Hill dans Décrocher la Lune, je trouve le récit un peu trop mou et contemplatif. Ne vous y trompez pas, c’est une très bonne histoire, d’ailleurs nommée aux Eisner Awards, mais qui est un peu en décalage avec la série principale. Tout comme Grindhouse, bien que le scénario parle beaucoup plus à mon inclination naturelle au polar et au fantastique. Le rythme est beaucoup plus soutenu et va au-delà de nos attentes en termes de violence, graphique et suggérée. Un petit avant-goût, justement, de la ligne « Hill House », chez D.C.
Et pour terminer, Petit Coin a surtout l’avantage de nous faire retrouver Bode, Tyler et Kinsey. Il est juste dommage que l’histoire soit si courte et donne l’impression d’un manque d’inspiration, malgré le caméo de Tank Girl. Du coup, je n’ai pas bien compris le sens de cette mini-histoire.
On prend également Gabriel Rodriguez au dessin de ce volume, pour ne pas changer nos habitudes. Si son style est conforme à nos attentes dans la dernière histoire, il a su adapter son trait à l’ambiance des deux premières. Décrocher la Lune nous propose une mise en page plus diluée et des couleurs plus douces pour renforcer un trait moins prononcé. On reste dans l’ambiance début de 20ème siècle, jusque dans la façon de dessiner. À l’inverse de Grindhouse, qui propose un trait plus prononcé, des couleurs primaires et une mise en page rythmée telle un métronome. Là aussi, le style se rapproche des standards de l’époque et des histoires courtes qui étaient proposées et ayant conduit à la création de la Comics Code Authority.
Ciel et Terre souffle le chaud et le froid. D’une histoire à l’autre, on change de registre, d’univers, tout en gardant le fil conducteur de la famille Locke et des différentes clés. Selon sa sensibilité, chacun aura son histoire préférée, mais chacune rajoute une pierre à l’édifice du cultissime Locke & Key.
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