Wonder Woman – Terre Un
La collection Earth One de chez DC, après les excellents Batman et Superman, nous propose à présent de nous pencher sur le dernier membre de la Trinité : Wonder Woman. Si le personnage existe depuis 1941, c’est pour ma part la version de la série télé, avec Linda Carter, qui reste gravée dans mon esprit. Au vu du remaniement subi lors de la période N52/DCYou, pas vraiment à mon goût, j’ai pris mon temps pour me lancer dans ce volume.
Comme pour les précédents personnages de la gamme Earth One, on revient sur les origines de l’Amazone.
Pour ceux qui ne les connaîtraient pas, les Amazones vivent sur une île paradisiaque, la bien nommée Paradise Island, à l’écart de la civilisation et du monde des hommes. Jusqu’à ce qu’un homme échoue sur leur île et qu’il soit trouvé par la princesse Diana, jeune adulte rebelle vieille de plusieurs siècles. Dupant l’ensemble de ses sœurs par un subterfuge totalement irréaliste, elle gagne la compétition la sacrant championne de son peuple. Diana décide alors de reconduire le naufragé dans le monde extérieur, contre l’avis de la reine Hippolyte, sa mère, qui ne souhaite que le voir exécuté.
Réussissant à s’enfuir in-extremis, elle se retrouve confrontée au monde des hommes. Là, elle apprendra la maladie et la mort, les différences culturelles, l’imperfection, et se fera connaître sous le nom de Wonder Woman.
Grant Morrison revisite intelligemment les origines de la princesse Amazone avec ce récit qui réduit à néant l’ancienne (et ridicule) version voulant que Diana ait été créée à partir d’argile. Pour info [spoil] la version de ce comics est reprise dans Wonder Woman Rebirth [fin du spoil].
Mais ce n’est pas tout. L’auteur explore également les relations amoureuses des Amazones. En effet, sur une île peuplée uniquement de femmes, il est naturel que leur sexualité soit uniquement saphique, chose jamais dite aussi clairement dans les 75 ans d’existence du personnage. Rien que pour ça c’est une évolution plus que notable et bienvenue.
Le caractère de Diana est également remanié et la dépeint comme une enfant naïve dans le corps d’une guerrière surpuissante, chose qui la desservira lors de son périple dans le monde extérieur.
La reine Hippolyte n’est plus cette icône de savoir et de mansuétude, mais bel et bien un monarque ayant ses secrets, doublée d’une mère possessive. Ce qui apporte beaucoup de profonduer au personnage. Petit bémol : elle a une télé ! Bon, c’est un « miroir magique », mais franchement, dans le déroulement de l’histoire, c’est ridicule car on a vraiment l’impression qu’elle regarde BFM.
Ceci mis à part, le travail de Morrison sur ce récit, notamment sur les émotions ressenties et délivrées par les personnages, est à saluer.
Au dessin, Yanick Paquette nous régale de fresques en double pages au découpage inventif. Ses personnages sont beaux (belles). D’ailleurs, que de poses lascives dans un comic se voulant chantre de la lutte contre l’exploitation de la femme… Si c’est agréable à l’œil, le propos tombe à côté.
Pour ceux que ça pourrait choquer : Steve Trevor est black. Sans revenir sur un débat pouvant être mal perçu et l’augmentation du nombre de personnages transformés en afro-américains, je voulais simplement dire que c’est le meilleur Steve Trevor que j’aie jamais vu ! Tant dans le design que dans la caractérisation.
Le bonus de fin de volume, nous présentant les croquis de Paquette est un vrai plus et permet une immersion encore plus complète dans le procédé créatif, notamment de la couverture et des enjeux que cela peut représenter pour un comic.
Une fois encore, comme de plus en plus souvent, d’ailleurs, on notera que le travail du coloriste, Nathan Fairbairn, sert l’histoire et le dessin. Malgré des couleurs très sombres lors des passages de guerre, il a donné à l’ensemble un ton très lumineux, notamment lors de la description de Paradise Island. Chaque séquence a d’ailleurs sa propre ambiance grâce à la mise en couleurs, et on remarquera que l’échouage de Steve Trevor contraste énormément avec les reste de la mise en couleurs de l’île. Probablement pour mieux symboliser la fin d’une utopie pour les amazones, et plus particulièrement pour Diana.
C’est au bout de ces lignes que je m’aperçois que j’ai eu beaucoup à dire dans cette chronique, prévue à la base en tant que Q.C. Je pense que c’est principalement dû à l’intérêt de ce volume, tant au niveau du scénario que du dessin, qui a su réinventer l’un des plus vieux personnages des comics. Un personnage fort, dans tous les sens du terme, et un comic à sa hauteur. Et pour notre plus grand plaisir c’est dispo V.F chez Urban Comics.