Sex Criminals
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Sex Criminals

Ce mec est fou…

C’est ce que je me suis dit en rencontrant Chip Zdasky. Et à la lecture de Sex Criminals, chez Glénat Comics, je m’aperçois que Matt Fraction l’est également.

Ou pas.

SC1

[Attention Chronique pouvant comporter du langage susceptibles de choquer les plus jeunes. Ça, c’est fait.]

Sex Criminals est un OVNI dans le monde du comics, où la sexualité n’est habituellement traitée que dans des œuvres underground. Là, on est dans du quasi-mainstream (c’est édité par Image comics aux U.S.A) et les auteurs n’ont peur de rien. On appelle une bite, une bite et une chatte… minou. [elle ne fait marrer que moi celle-là].

L’intelligence de Fraction a justement été de garder ce langage, non cru, mais normal. On a l’impression de comprendre ce que disent les personnages et l’empathie n’en est que plus forte. Ces deux jeunes adultes qui ne pensent qu’à baiser, c’est moi, c’est vous, c’est tout le monde. Sauf que eux, en plus, lorsqu’ils jouissent le temps s’arrête. Et c’est là que ça devient intéressant. En effet, qui n’a pas rêvé avoir ce pouvoir et en profiter pour faire tout ce qui lui plaît ? Eh bien c’est exactement ce que font nos deux héros, Suzie et Jon, en volant, se baladant en caleçon dans un sex-shop, engueulant ses parents ou même… en chiant dans la plante verte de son patron ! La limite de l’agression sexuelle/viol n’est quand même pas franchie par une pirouette scénaristique et par ce que quand même, faut pas abuser !

Sex-Criminals

Petit point noir si je devais chipoter, c’est la “police du temps sexuel” qui me semble être un peu hors propos. Je laisserais néanmoins le bénéfice du doute à l’auteur.

J’ai par contre un peu de mal à voir comment faire perdurer la série, une fois l’arc narratif consistant à sauver la bibliothèque et échapper aux “policiers”. Je ne sais pas jusqu’où ira la série en termes de numéros, mais j’ai peur que l’intérêt s’estompe sur le long terme tant nombre de possibilités ont été abordées dans ce premier tome (contenant 5 numéros U.S).

Côté dessin, Zdarsky maîtrise parfaitement son trait, qui s’adapte sans anicroche à une histoire comme celle-ci. Le dessin est précis et dynamique. L’utilisation des effets graphiques qui me semblait ne pas convenir à priori n’est finalement pas une gêne à la lecture et permet de bien différencier les différentes parties, dans et hors du temps.

Je vous invite à lire l’interview de Chip Zdarsky sur Chroniques Comics suite à ma rencontre avec lui pour en savoir plus sur ses techniques de dessin.

Je tenais également à parler du comics, le livre en lui-même, qui est imprimé dans un format étrange, entre le Franco-belge et le comics, dans la même veine que les Marvel Graphic Novel de chez Panini, mais qui propose un papier glacé de qualité supérieure. D’autre part, le tarif de 19,95€ est un peu au-dessus des prix habituels pratiqués sur le marché pour les 144 pages proposées. Il est quand même à noter que les bonus sont un plus indéniable et vraiment agréables (co-écrits par Zdasky dont on retrouve le sens de l’humour). Au final, la densité du scénario et le détail apporté aux dessins font que la lecture n’en est ni trop longue ni trop courte.

En conclusion, Sex Criminals est une lecture agréable à réserver néanmoins aux adultes ou ados de plus de 15 ans. Ses deux prix (Eisner Award et Harvey Award) sont amplement mérités de par la finesse de son scénario et l’intelligence avec laquelle le dessin le porte. À lire avec une bonne boisson en écoutant Fat Bottomed Girls de Queen.

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