Ping Kong
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Ping Kong

Ping Kong

Ça y est, je saute le pas! Je me lance dans le manga de sport. Sauf que, bon, je ne pouvais pas commencer comme tout le monde par Olive et Tom [Euh, Captain Tsubasa, pardon aux puristes]. Non, il fallait que je trouve un truc assez dingue pour moi. Et c’est chose faite avec Ping Kong, petite série en deux Tomes.

Kotomi et Takumi sont deux sœurs jumelles qui se complètent dans leur passion du tennis de table. Si Takumi est une vraie mordue, Kotomi est, elle, très, mais alors très, douée. Sauf que, l’écart se creusant entre les deux sœurs, Kotomi commence à avoir honte du manque de niveau de sa jumelle et la repousse. Ne pouvant supporter d’être ainsi rejetée, Takumi décide de mettre fin à ses jours (oui, c’est pas dit comme ça dans le résumé du manga, mais c’est bien ça). Miracle ou malédiction, Takumi se retrouve transformée en gorille. Mais pas un gorillou tout kawaï, hein! Une grosse montagne de muscles, velue et qui sent la bête. En voyant ça, Kotomi est bouleversée, culpabilise à mort et décide que, pour le bien de sa sœur, elle doit se racheter. C’est ainsi que nos héroïnes, humaine et gorille, vont disputer en double le championnat national de tennis de table.

Le mangaka Comic Jackson, de son vrai nom Masahiro Nosawa, est parti d’un postulat de dingue, qui plus est, sans jamais l’expliquer. Et il a bien fait, car je ne serais jamais allé vers un “simple” manga de sport. Non, moi, ce que j’aime, c’est la dinguerie. Et j’ai été déçu de ce côté là, mais uniquement de ce côté là. Mis à part le fait que Takumi est un gorille il n’y a (presque) aucun autre élément fantastico-délirant. Même si les frangines se retrouvent face à des adversaires dopées aux hormones et que le président de la Fédération est un pervers masochiste (ça c’est le côté fun propre à tous les mangas), on est presque dans un traitement sérieux de l’histoire. Si Kotomi cherche la rédemption, Takumi, elle, souhaite seulement être au plus proche de sa sœur et partager avec elle cette passion du ping-pong. On rajoute quelques péripéties liées à la condition de gorille d’une des frangines, mais ça s’arrête là. Jackson sait quand mettre l’action en pause et se concentrer sur les sentiments. Alors oui, on ne coupe pas à quelques scènes un peu larmoyantes, mais elles sont instillées de façon à faire en sorte que le lecteur s’accroche aux personnages. Dans l’ensemble, c’est plutôt bien fait.

Côté dessins aussi, on est dans la maîtrise. Les traits des personnages sont un peu plus travaillés que dans la majorité des mangas, avec pas mal d’ajouts d’ombrages et d’expressions de visage. Pareillement, dans la description graphique de Takumi, le mangaka n’a pas fait l’économie des poils. Surtout, il a réussi à donner au gorille un véritable regard profond, qui transperce le lecteur, alliant à la fois force et douceur. Si tu es un habitué des documentaires animaliers, ou simplement si tu cherches de belles photos de gorilles sur le net, c’est exactement ce qu’on ressent en voyant ces animaux. Respect.

Pour les séquences de jeu, Jackson a un peu plus musclé son dessin avec une mise en page dynamique et des balles qui volent dans tous les sens. S’il y a de l’exagération dans ce qu’il montre, ça ne va jamais trop loin non plus. On comprend la force et la vitesse des balles, mais personne ne se transforme en Super Saiyan non plus. Il alterne ensuite les formes de cases et leur disposition pour accélérer ou ralentir le rythme de lecture. Là encore : maîtrise.

Tu sais quoi? Si le concept et les couvertures n’avaient pas été aussi intéressants, je n’aurais jamais lu cette série. Et ça aurait été dommage. Car le plus intéressant, ce n’est pas le gorille qu’on a en nous, mais les sentiments qui nous poussent à nous dépasser pour l’autre. Oui, je sais, ça fait morale à 2 €, mais sous les poils, il y a toujours un cœur qui bat et un cerveau qui fonctionne. J’adore regarder des monstres et des aliens qui s’égorgent, mais je dois avouer que lire l’histoire d’un gorille qui joue au ping-pong, c’est bien aussi.


 

  • Titre : Ping Kong Tomes 1 et 2
  • Pages : 176 pages
  • Editeur : Mangetsu
  • Langue : Français
  • ISBN-13: 978-2-38281-098-9 et 978-2-38281-000-2
  • Prix : 6,90€

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