Les soucis de l’adaptation, l’exemple de Civil War – Partie 2
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Les soucis de l’adaptation, l’exemple de Civil War – Partie 2

         Bonjour et bienvenue à tous dans les Dossiers de GL ! Cette semaine, nous allons — comme prévu — poursuivre notre observation de l’adaptation de Civil War.

Passons à présent du côté de l’adaptation de 2016. Le film fait suite aux événements s’étant déroulés dans les douze précédents films – et plus particulièrement au combat que les Avengers ont mené contre l’intelligence artificielle Ultron, dans Avengers 2 : L’Ère d’Ultron. On y retrouve donc une toute petite équipe d’Avengers, composée de six ou sept membres (en comptant ou non, Iron Man, qui semble parfois plus en retrait). Quatre d’entre eux se retrouvent en mission à Lagos, au Nigéria, pour empêcher un ancien ennemi, Crossbone – devenu un terroriste reconnu (comme en témoigne des unes de journaux, visibles dans les premières scènes du film) – de commettre un attentat, après avoir volé une arme biologique. Tout leur réussit jusqu’à ce que le terroriste fasse sauter sa ceinture explosive au beau milieu d’un marché. Pour l’empêcher de tuer tout le monde sur place, l’une des Avengers – la Sorcière Rouge – envoie Crossbone dans les airs, grâce à ses pouvoirs télékinétiques. Malheureusement, l’explosion touche un bâtiment avoisinant. Nous n’avons aucune indication sur le nombre de mort (si ce n’est une chaîne de télévision qui indique que onze représentants d’un autre pays ont péri dans l’explosion), mais comparé aux victimes qu’aurait pu faire Crossbone si les Avengers n’avaient pas été là, cela semble plutôt minime.

De son côté, Tony Stark – se sentant coupable des morts qu’Ultron a engendré en Sokovie, car il a lui-même créé Ultron, dans Avengers 2 : L’Ère d’Ultron – rencontre une femme, dans un couloir d’une université. Elle lui apprend que son fils, un « étudiant en informatique, très bien noté par ses professeurs » — comme le décrit Tony Stark, par la suite —, a été tué durant les événements d’Avengers 2 : L’Ère d’Ultron. On apprend, plus tard, que les chaînes d’informations déclarent les Avengers comme étant dangereux. Le Secrétaire d’État des États-Unis vient alors leur proposer de signer les « Accords de Sokovie », une loi approuvée par cent dix-sept nations, faisant des Avengers un groupe répondant aux ordres d’un comité des Nations-Unies, et non plus une « société privée ». Les Avengers se scindent en deux groupes quand Tony Stark et James Rhodes pensent qu’il est important pour le bien de tous qu’ils rejoignent les Nations-Unies, tandis que Captain America refuse sous prétexte qu’il ne veut pas perdre son « pouvoir de décision » (Citation tirée du dialogue de Steve Rogers à 30’50 de Captain America : Civil War).

Qu’importe leur « dispute », les représentants des cent dix-sept pays se retrouvent à Vienne, lors d’une session extraordinaire des Nations-Unies, dans le but de ratifier la loi. Durant cette assemblée, un attentat a lieu, et l’ami de Captain America, Bucky Barnes, est victime d’un coup monté qui le place comme l’instigateur dudit attentat. Captain America fonce donc le rejoindre, comprend qu’il n’est pas coupable et décide de le protéger. Il refuse de signer les « Accords de Sokovie » et s’enfuit avec Bucky et le Faucon. Ils apprennent alors l’identité du vrai coupable, mais aussi qu’il compte réveiller une armée de super-soldats pour renverser l’ordre mondial. Captain se demande s’il faut en avertir Tony Stark, mais le Faucon l’en dissuade car ils ne savent pas s’il va les croire, et si les « Accords » lui permettront d’intervenir. Ce faisant, ils deviennent des fugitifs. Pour ne pas être seuls, ils font sortir de sa retraite le personnage d’Hawkeye, qui les aide à récupérer la Sorcière Rouge ; et ils engagent Ant-Man (qui avait affronté le Faucon dans le film Ant-Man). De l’autre côté, Tony Stark récupère l’équipe des Avengers qui a signé les « Accords », composée de Black Widow, Iron Patriot, et la Vision, puis va recruter le jeune Peter Parker, alias Spider-man ; tandis que Black Panther se joint à eux pour arrêter Bucky, qu’il croit responsable de la mort de son père lors de l’attentat de Vienne.

Nouvel arrêt, afin de comparer les messages du comics, relevés plus haut, aux messages du film. L’adaptation cinématographique ne nous présente aucune critique du monde actuel, comme a pu le faire le comics avec la stupidité de la course à l’audimat, et la télé-réalité. Ici, on nous montre une petite équipe d’Avengers qui a empêché un terroriste de faire des millions de morts, mais qui a laissé passer des dommages collatéraux assez mineurs. Et je me permets de dire mineur, car il y a sûrement eu bien plus de pertes humaines durant les combats aperçus dans Avengers et Avengers 2 : L’Ère d’Ultron, ainsi que dans Captain America 2 : Le Soldat de l’Hiver. D’ailleurs, le film lui-même montre des images de ces autres films pour montrer les dommages collatéraux que créent les missions des Avengers. Ce qui est bête, c’est qu’on essaie de nous faire comprendre que le monde va mal et en a assez des Avengers lorsqu’ils font exploser une petite partie d’un immeuble de Lagos, au Nigéria (d’ailleurs, même les super-héros semblent choqués – on passe plus de trente secondes à nous montrer des gros plans d’eux avec des yeux effarés et terrifiés – alors qu’on ne les a jamais vu comme ça avant, peu importe le nombre de morts qu’ils causaient accidentellement) ; alors même qu’on ne leur avait jamais rien dit quand ils avaient mis à sac la ville de New York, ou le pays fictif tout entier qu’est la Sokovie. Les héros ne sont absolument pas montrés comme des gens dangereux, pour le coup. Ils ont réussi à minimiser les dégâts qu’auraient pu créer la ceinture explosive de Crossbone, et ils l’ont empêché de tuer des millions de gens en récupérant l’arme biologique qu’il avait volé. En fait, le spectateur n’aura pas vraiment de rancœur envers les super-héros, qu’il jugera comme harcelés par les médias et les gouvernements pour une simple petite bavure, alors que le monde entier les acclamait depuis plus de quatre ans (Les événements d’Avengers se déroulant en 2012 quand ceux de Captain America : Civil War se déroulent en 2016), bien qu’ils faisaient des dégâts bien plus graves que celui-ci.

Ici, les dégâts de l’explosion visible à 12’48” du film Captain America : Civil War.

Le message quant à la vision des super-héros est donc différent : dans le comics, on reconnaît leurs torts et on leur en veut un peu d’avoir engendré ce type d’accident ; quand dans le film, on a un peu pitié d’eux, car ils sont accusés de dégâts qu’ils n’ont pas créé eux-mêmes, qu’ils ont même essayé d’empêcher. En fait, le monde leur en veut des dommages collatéraux qu’ont causés leur combat pour sauver le monde ; ce qui est un peu ingrat.

Ensuite, on apprend que Tony Stark s’en veut de ce qui est arrivé en Sokovie uniquement après avoir appris qu’un bon élève américain, fils d’une fonctionnaire au département d’État (qui correspond plus ou moins au ministère des Affaires Étrangères en France), parti faire du bénévolat dans un pays pauvre – une élite des États-Unis, donc – est mort. Ce qui est dommage, c’est qu’on parle ici d’un pays tout entier qui aurait été ravagé à cause d’une de ses inventions ; mais qu’on ne nous montre sa peine qu’une fois qu’il a appris qu’un états-unien y était mort. Le super-héros passe ici pour un véritable imbécile, limite xénophobe, qui ne se laisse pas tourmenter par la mort de milliers d’étrangers d’Europe de l’Est, mais qui est totalement chamboulé quand il apprend qu’un jeune prodige de son pays est mort par sa faute. Le message du film est alors trop maladroit pour être bien vu.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! On se retrouve dans deux semaines pour parler d’un point central de l’histoire de Civil War : la Loi !

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