Interview Tony Valente
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Interview Tony Valente

Aujourd’hui, c’est l’heure de l’interview de Tony Valente, rencontré lors du FIBD 2020, nous avons pu échanger, pour ceux que ça intéresse vous retrouverez la version audio au format Chronicles


F. : Bon du coup bonjour et merci de ton temps pour cette petite interview.

T. : Mais avec plaisir.

F. : On va passer sur la question habituelle de « comment tu t’appelles, qui tu es, d’où tu viens, quelles sont tes influences ». Y’a suffisamment d’interview, wikipédia et tout, donc je passe là dessus pour profiter un peu du reste de tes questions. Je voudrais commencer directement avec le tome 13 de Radiant qui vient de sortir là et du coup tu es ici un petit peu pour la promo. En tant que lecteur on voit que, du moins moi en tant que lecteur, je vois qu’il y a quand même un gros succès sur Radiant.

T. : Oui.

F. : Je pense que je ne me trompe pas trop en voyant la sortie au Japon et maintenant l’anime. De notre côté, on voit ça comme un grand succès, est-ce que toi tu le vis de la même manière ? Comment tu le vis en fait ?

T. : Ben c’est sur que quand t’es sur le papier, t’arrives à voir que c’est un succès parce que y’a/ on te dit, tous les mois maintenant presque on me dit « on a signé pour ça, pour ce type de produit qui arrivera, on a signé avec ce pays pour qu’il le diffuse. Donc y’a des choses qui s’empilent les unes sur les autres qui font que tu vois le succès. Tous les six mois on a aussi des relevés de droits d’auteur. La plupart du temps les auteurs, on est payé pendant qu’on fait l’album mais après on n’a quasiment jamais de droits d’auteurs. Et là quand tous les six mois tu vois que les droits d’auteurs ils montent en flèche à chaque fois et que vraiment ça commence à faire beaucoup d’argent qui arrive et tout, tu te sens pas bien. Tu te dis « je suis pas habitué », il faut souffrir pour être auteur *rires*. Non mais sur le papier, t’arrives à avoir que c’est un succès. Après, y’a autre chose, c’est quand justement je viens en dédicace, je me rends compte que les gens viennent. Là par exemple hier il y avait beaucoup de gens qui étaient venus à Angoulême juste parce que j’étais là. Pour me voir. ***Leur motivation c’était de se dire « je vais aller le voir à cet endroit parce qu’il vient ». Là tu vois qu’il y a un effort particulier qui est fait et puis quand les gens en parlent de la série, des persos, tu vois qu’il y a tout le monde qui est au diapason en fait. C’est tous les gens qui viennent voir, qui connaissent ou qui connaissent pas, qui soient en train de découvrir ou pas, ils en parlent avec autant d’engouement et de passion tu vois des persos, ils rentrent dedans vite et ils ont envie d’en parler. Entre eux aussi. Ils ramènent des gens avec eux. Et la plupart des gens qui viennent me disent « j’ai découvert parce que mon cousin me l’a fait lire et tout ». Ça veut dire que le bouche à oreille il est taré en fait. Les gens se le font découvrir entre eux de fou. Et ça c’est un indice. Au quotidien après, y’a rien qui change puisque c’est moi mes pages et mes doutes.

F. : Ça, ça reste toujours.

T. : Oui. J’espère que ça restera comme ça tout le temps.

F. : Oui c’est aussi peut-être ce qui te fait avancer, le fait de toujours te remettre en question pour justement « repousser tes limites » et nourrir un peu le… enfin « nourrir » c’est un grand mot mais…

T. : Non non mais c’est l’idée en tout cas. C’est d’aller plus loin, de raconter plus de choses sur les persos, de faire encore plus vibrer les gens avec l’histoire.

F. : Du coup, on voit ce succès, généralement en manga, quand il y a une adaptation animée c’est signe de succès ou voilà. Moi je t’avoue que j’ai commencé avec le manga. J’ai quand même jeté un œil à l’animé par curiosité, je t’avoue j’ai été assez déçu parce que j’ai pas retrouvé les personnages sur lesquels je me suis identifié ou auxquels je me suis accroché sur le manga papier. Sur des petites choses en fait. Tout simplement, l’humour que tu mets dans le manga, je le retrouve pas pareil. Alors je me dis que c’est peut-être dû aussi au fait que ce soit un truc « international » et que peut-être les jeux de mots ou les choses comme ça peuvent pas s’adapter partout pareil. Du coup ma question c’était ça, est-ce que quand tu as fait l’adaptation, toi tu as le droit de regard dessus ? Est-ce que toi qui travaille complètement sur l’animation ou alors est-ce que on te dit « voilà ça va être comme ça » et toi tu dois accepter ces concessions ?

T. : Y’a un peu de tout. Déjà y’a le fait que ce soit traduit ça parle pas français donc forcément toutes les petites choses qui dans l’humour dans une blague vont tenir aux mots bien choisis ou au rythme, ça disparaît. Donc après des fois la blague je suppose que des japonais par exemple, puisque c’est vraiment très différent le langage là-bas, en lisant le truc, ils doivent pas se marrer sur les mêmes choses parce que des fois ça tient vraiment à la précision en fait. Et au rythme. Et tu peux pas retranscrire ça, y’a rien à faire. Par exemple, Doc n’invente pas de mots au Japon parce que c’est pas possible. Donc ça enlève une grosse part de sa personnalité. Alors du coup, eux ils adaptent à partir de la version japonaise en fait qui est déjà adaptée de la version française donc on perd un peu de précision dans les blagues et puis un certain rythme. Donc reste après les autres blagues, d’autres ont été enlevées parce qu’elles sont sexuelles par exemple. Je comprends. Et y’en a c’est culturel en fait. Les jeux de mots par exemple n’existent pas non plus parce qu’ils sont obligés d’en faire d’autres. Souvent, ça veut pas dire grand-chose par rapport à la situation du coup y’a encore un truc qui saute. Donc y’a ce truc culturel. Après, sur le déroulement des personnages, les japonais, culturellement, ça veut pas dire tous , mais culturellement, la société pose une valeur différente sur la masculinité, la féminité. Par exemple, les persos sont traités… une fille va être traitée comme une fille quand elle est écrite. Ça existe pas en vrai pour moi ça. Un perso est un perso. Que ce soit une fille ou pas, y’a des choses qui vont venir avec mais un personnage est un personnage, Là-bas ils ont déjà une espèce de canevas : pour traiter une fille, ça va être ce genre de sentiment et d’émotions et d’expressions visuelles aussi. Traiter un garçon, tout ce par quoi il peut passer. D’ailleurs ils se laissent plus de place dans la masculinité là-bas qu’on en a nous en Europe mais du côté des filles je trouve c’est assez restreint finalement. Et ça c’est culturel en fait. Des fois, j’ai du leur expliquer des trucs dans mon histoire tellement bateau pour moi que j’en revenais pas que culturellement on n’est pas cet indice là là-bas. C’était vraiment intéressant comme discussion mais je me rendais compte du fossé qui nous séparait. Il existe encore des familles dans lesquelles les femmes ne mangent pas à table avec la famille là-bas. C’est impensable en France. Et heureusement tu vois. On peut pas non plus leur jeter la pierre en disant « Oh la la vous êtes des arriérés ». Non culturellement c’est très différent et du coup je préfère que ça évolue dans le bon sens et qu’ils n’aient plus ça dans pas longtemps mais on n’est pas là-bas, c’est pas notre culture non plus. Donc je devais expliquer plein de trucs donc forcément du coup quand t’enlèves tous ces trucs culturels, t’as beaucoup de l’humour et du naturel qui disparaît. Ils reconstruisent pour faire quelque chose qui est quand même chouette, qui soit chouette aussi pour les plus jeunes puisque c’est la case horaire et une chaîne pour les plus jeunes. Donc y’a ça. Et après ils ont remodelé aussi le début de l’histoire puisque comme y’avait un public très très très jeune, ils voulaient être sûrs d’amener le public sur la première moitié de la saison, à ce qui vient qui est beaucoup plus grave avec Rumbbletown et tout. Ils voulaient être sûrs d’avoir capté l’attention de l’audience la plus jeune en fait et d’avoir filé tous les outils qui fallait pour déconstruire le propos d’après sur le racisme, la migration. D’être sûrs que c’était mal compris. Y’a plein de nécessités qui font que ça change. Après je leur ai demandé « si c’est possible on change plus ». Donc ils ont fait la saison 2 exactement comme les mangas. Donc ils ont écouté ça.

F. : Ça c’est cool. Du coup tu viens de me dire qu’ils adaptaient depuis l’adaptation du manga français en japonais, est-ce que toi tu as été obligé de repasser sur cette sortie japonaise ? Par exemple pour corriger des cases ?

T. : Non pas du tout.

F. : D’accord. Ils ont adapté texto comme ça ? Limite juste traduit ?

T. : Ils l’ont traduit ouais. Ils ont fait une ré. Ils réimpriment régulièrement et la réimpression qui concernait autour de la sortie de l’animé ce qu’ils ont fait c’est qu’ils ont refait une traduction plus précise parce que maintenant qu’ils avaient lu plein de mes albums le traducteur était habitué à mon langage et au rythme et tout et à la manière dont je synthétise les infos et tout. Donc ils ont refait une traduction et là ils ont dû agrandir un peu les bulles pour faire…

F. : Pour faire tout rentrer ?

T. : Ouais. Parce qu’ils voulaient aussi mettre à côté, en je sais plus quel alphabet, pour que les plus jeunes le comprennent aussi. Ce qu’ils avaient pas fait avant. Y’a juste ça. Ils ont agrandi quelques bulles. Ils m’ont montré pour voir si ça me dérangeait pas donc j’ai tout checké. C’est la seule chose que je fais. Ils me posent des questions des fois pour savoir ce que j’ai voulu dire précisément mais c’est tout.

F. : D’accord. Donc ils sont quand même vachement respectueux de ce que toi tu fais à la base.

T. : Ouais, beaucoup beaucoup d’écoute. Que ce soit de la part de la production animée ou de la part de l’éditeur là-bas et du traducteur et tout. Ouais, énormément d’écoute.

F. : D’accord. Du coup, toujours sur la partie anime et manga, est-ce que là, à l’heure actuelle, c’est une adaptation pure de ton manga à partir de la saison 2 donc tu viens de dire. Mais est-ce qu’on peut imaginer que tu créées des personnages par exemple dans l’animé qui prennent de l’importance et que du coup ils apparaissent un peu en transmedia dans ton écriture manga ou ça va toujours rester le manga papier qui va influencer sur la série animée ?

T. : Non, y’a jamais un truc que je vais prendre de l’animé pour l’introduire dans le manga. Si y’a des nouveaux persos, par exemple, autour du capitaine Dragonov, ils voulaient, pour comprendre bien la psychologie de Dragonov, je pense que c’était intelligent d’aller dans ce sens, ils voulaient qu’il y ait des gars qui sont sous ses ordres qui soient d’abord septiques sur lui puis après admiratifs pour voir qu’en fait il est ambigu et qu’il est pas tout blanc ou tout noir et ça je pense que c’était intelligent pour que les spectateurs les plus jeunes puissent s’identifier à ces persos là en se disant « ah ouais non en fait y’a quelque chose de plus grand dans ce perso ».

F. : C’est pas le méchant-méchant.

T. : Ouais c’est pas le méchant-méchant. C’est un adversaire pour le moment. Peut-être qu’à un moment donné il sera un allié tu vois pour introduire ce truc de « il est nuancé ». Mais ce perso, même si je trouve que c’est une bonne idée pour l’animé, à aucun moment je le ferais intervenir dans le manga. Dans mon écriture à moi, c’est vraiment moi et mes pages, les idées et tant mieux s’il y a de bonnes idées dans l’animé qui vont enrichir le truc, mais je préfère qu’ils suivent. Après y’a autre chose, y’a la saison 2, y’a pas assez de matériel pour faire la saison 3 pour le moment donc là il va y avoir une pause. Ça serait miraculeux que ça reprenne en fait. Si on fait une coupure dans la production d’une série comme ça c’est très très compliqué après pour reprendre. Alors ils ont vraiment envie de le faire, et moi je serais super content si on continuait, mais y’a pas énormément de chance que ça puisse continuer en fait. Donc de toute façon, c’est moi et le manga.

F. : Le vecteur principal c’est le manga. C’est une adaptation du manga et c’est pas quelque chose qui peut être transversal et passer de l’un à l’autre comme ça. Justement sur le format, là on parle que tu as deux saisons en papier, peut-être une troisième, bon pour le moment voilà peut-être pas. Au niveau des mangas, il me semble, j’avais vu passer une info que la série devait être en une dizaine de tomes au départ…

T. : Ah bon ?

F. : Je t’avoue que j’ai peut-être regardé quelques interview et il me semblait avoir compris ça. Ma question du coup c’est est-ce que le succès avec le Japon etc. ça te permet d’étendre ton univers et de voir sur un peu plus long terme avec plus de tomes ou est-ce que ton idée de départ elle était arrêtée sur un nombre de tomes précis ?

T. : J’avais pas une idée de nombre de tomes précis mais au début je parlais de 3 tomes parce que c’était le deal avec Ankama et au-delà de ça moi je me voyais faire 40 tomes de toute façon. On avait pas transmis l’info du genre « on va faire 10 tomes » ou quoi. Après peut-être j’avais parlé d’un cap en disant « j’adorerais faire au moins 10 tomes » tu vois. C’était un truc. J’étais jamais allé au-delà de trois ou quatre tomes sur mes autres séries quand je faisais de la BD, ça me paraissait un cap énorme. Maintenant que je suis en train de faire le 14e c’est derrière. Maintenant le cap énorme ça va être de se dire, même 20 c’est pas si loin, donc ça serait maintenant de se dire « hé 30 ça serait bien.

F. : 30, 40…

T. : 40 ça serait oh la la

F. : Je lis très peu de manga en fait. J’en lis mais faut vraiment que ce soit le coup de cœur. Donc là Radiant c’est un coup de coeur. J’ai d’autres titres comme « The Promised Neverland » en ce moment. Ou « L’atelier des sorciers » typiquement c’est quelque chose que j’aime beaucoup mais que j’ai découvert via le comics aussi parce que la dessinatrice faisait des…

T. : Des couvertures oui j’adore ça, je suis d’accord.

F. : C’est vraiment magnifique. Du coup, maintenant que tu as fait un petit peu de BD, beaucoup de manga, est-ce que en travaillant sur l’un, sur l’autre, ça a changé ta façon de voir le media BD, le media manga ou est-ce que tu avais déjà des choses bien arrêtées sur les deux formats ?

T. : Non j’avais pas d’avis bien arrêtés sur les deux mais en faisant les deux je me suis rendu compte des nécessites de l’un et de l’autre. En BD… *son de cloche relou* ça va passer ça ?

F. : Oui t’inquiète.

T. : En BD, j’avais pas compris jusqu’à m’y frotter la nécessité d’avoir une synthèse efficace tu vois, de faire des ellipses cohérentes et efficaces pour pouvoir raconter vraiment ton propos sur un album et pas faire en sorte que ce soit juste une partie d’une histoire qui va être déroulée sur plein de tomes. Parce que c’est compliqué d’attendre un an une suite d’histoire. Même si tu peux faire des cliffhangers, y’en a qui se débrouille très bien pour faire ce genre de truc genre les diptyque genre Largo Winch par exemple, ça marche très très bien. Mais il faut que le truc soit consistant en soi quoi. T’as un objet qui commence et qui termine une histoire et il faut faire ça. Et aussi, comme y’a de la couleur et que t’as de la place, le décor c’est important. Tu peux pas t’amuser à faire trop comme dans du manga. C’est une nécessité des formats aussi. C’est grand. Si tu baignes dans du vide, quand tu regardes tu le ressens physiquement t’as un truc qui est curieux. Y’en a qui sont très forts avec la synthèse graphique qui fait qu’ils exploitent l’espace comme il faut. T’a quand même une nécessité particulière avec le format et la couleur. Je me suis rendu compte en faisant du manga de l’inverse, la nécessité de se dire : tu pars sur du long terme, tu déroules tes personnages et tout par contre il faut être percutant toutes les 20 pages. Il faut qu’il y ait à manger dans tous les chapitres. Tu peux pas te permettre d’avoir une histoire qui a un début pendant tout le tome du manga, ça déroule et juste un climax à la fin du manga, c’est trop long.

F. : Des rebondissements, il faut que ça doit très rythmé en fait.

T. : C’est ça. Il faut qu’il y ait des choses qui viennent plus régulièrement. C’est pas obligé que ce soit un personnage qui tombe d’une falaise mais même sur un truc où c’est que du dialogue ou une enquête ou n’importe quoi, dans chaque chapitre il faut qu’il y ait en soit quelque chose à garder avec soi, quelque chose à garder en tête. Et ça c’est chouette. Ça correspond plus à des séries télé du coup. Et après, quand je me suis mis à aller super vite parce que j’étais en retard, j’ai vu pourquoi les gens faisaient des tronches à la con, des gros plans. Là je me suis dit « ah ouais ». Et ça devient efficace dans le media, tu dois aller très vite, il faut qu’on lise vite les expressions et quand tu te mets du coup à exagérer une expression vraiment outrancièrement, t’y vas à fond. En lisant comme ça sur un truc en noir et blanc surtout pour capter l’attention et comprendre tout ce qui se passe. C’est trop efficace. Tu te dis oui c’est pas juste par flemme, c’est une nécessité des formats, de la vitesse à laquelle tu vas. Y’a plein de choses. Tous le monde dans le manga fait pas des tronches à la con tout le temps mais…

F. : Heureusement ! Ça serait long 220 pages de tronches bizarres !

T. : *rires* Que des tronches tordues et une fois le mec est normal !

F. : Du coup, Radiant t’appartient à 100 % en termes de droits ?

T. : On partage les droits avec Ankama, ils ont les droits d’exploitation et le droit moral c’est moi.

F. : D’accord mais du coup, si par exemple, on sait jamais, je te le souhaite pas mais dans quelques années, toi et Ankama vous arrêtez de travailler, est-ce que tu peux partir avec Radiant ou tu peux pas continuer ta série toi tout seul ?

T. : Ça dépend des cas de figure. Pour mon cas… Y’a plein de trucs qui sont prévus dans les contrats. Mais si ça s’arrêtait du genre « on veut pas faire la suite », oui y’a des moyens d’essayer de récupérer les droits pour le faire ailleurs. Après y’a pas de raison. Et puis, ils ont toujours été réglo avec ça Ankama, quand y’a un auteur qui voulait continuer sa série ailleurs, ils ont lâché du lest. Y’a des éditeurs qui tiennent la bride même s’ils veulent plus exploiter trop l’œuvre « non on garde pour nous et tu continues pas ». C’est pas le cas.

F. : D’accord. Du coup, la fin de ma question dépendait un petit peu de cette réponse, c’était quand tu as de la publication que ce soit en animé ou au Japon, est-ce que « tu imposes », un cahier des charges avec les Radiant rules avec genre faut que ce soit comme ça, faut pas dépasser ? C’est toi le grand chef ?

T. : Pour l’animé on avait beaucoup beaucoup parlé avec l’équipe de production. Et vraiment c’était de longues conversations où ils essayaient d’aller au fond de mon histoire pour comprendre quel était mon message, mon propos. Même des fois, y’avait des trucs hyper personnels, ils me disaient « ça on le partagera jamais avec qui que ce soit » mais au moins que le producteur, le réalisateur et le scénariste soient au courant de pourquoi j’ai apporté un truc… genre ils me posaient des questions perso en me disant « si tu veux pas répondre tu réponds pas mais est-ce que ça peut correspondre à un truc de ta vie ça ? ». Et du coup quand c’était le cas, il m’est arrivé de leur raconter des trucs perso de ma famille et tout, juste pour être sûrs qu’ils allaient dans la bonne direction tu vois. Donc ça fait pas un cahier des charges mais ça fait un peu…

F. : C’est vraiment un échange respectueux quoi.

T. : Ouais. Pour le coup, j’étais vraiment bluffé par le respect qu’ils avaient pour mon œuvre et ce que je voulais raconter etc. Ils ont réécrit complètement l’épisode 19 de la saison 2 parce qu’ils l’ont fait, je suis arrivé sur l’épisode 19, j’ai dit « je comprends où vous allez et pourquoi ça en est là mais voilà pourquoi moi j’avais déroulé les éléments dans cet ordre » et je leur ai sorti les raisons. Ils m’ont dit « OK on le jette et on le réécrit ». Alors qu’ils étaient à mort en retard sur plein de trucs. Y’avait tellement de respect sur ce que je leur avais apporté comme infos, en disant « d’accord c’est justifié, t’avais vraiment préparé le truc, on jette et on va faire exactement comme t’avais fait dans le bouquin pardon »… genre à la japonaise. Et après pour le reste, par exemple pour les produits dérivés y’a plein de licences qui ont été négocié avec plein de contractants différents pour tout un tas de trucs : des figurines, des peluches, des tee-shirt, peu importe. Ça va débouler cette année là et l’année prochaine. Là y’a un cahier des charges par contre. Y’a vraiment des infos et autres de personnage que j’ai filé, des références couleurs qu’ils sachent où ça va.

F. : D’accord. Juste avant de passer sur un tout autre sujet, est-ce que quand tu as eu cette animation, t’as été au Japon je suppose…

T. : Oui.

F. : Est-ce que tu as ressenti un peu le même engouement qu’en France des japonais pour Radiant quand tu… enfin peut-être tu n’as pas fait de dédicaces ou autres je sais pas…

T. : J’en ai fait peu mais ils ont pas la culture de la dédicace. J’ai partagé un moment avec Yusuke Murata en faisant conférence et puis trucs comme ça, je croyais qu’on allait être envahis de personnes… Si Yusuke Murata arrive un jour à Angoulême ou à la Japan Expo, sûr qu’il y a des milliers de personnes dans la salle où il sera. Et ben là-bas c’était pas tant. Parce que, il a une série qui marche le mieux, même pour lui la conférence y’a des gens qui sont venus spécifiquement pour lui mais ça se comptait sur la main en fait. Alors que le reste c’était le public de l’événement en question qui était là, intéressé, ils se sont posés…

F. : De la curiosité…

T. : C’était la curiosité mais… j’en ai fait une aussi avec Atsushi Okubo, le gars qui fait Fire Force je crois et Soul Eater et tout, enfin je crois, je crois que son nom c’est Atsushi Okubo je suis quasiment sûr et lui c’était la première apparition en public qu’il faisait alors que il travaille depuis une quinzaine d’années dans le manga.

F. : En France, c’est pas possible. Première apparition en public, on n’a plus de place.

T. : Oui et c’était marrant. Il avait jamais eu l’occasion de se montrer. Y’a un truc c’est, il y a aucun festival comme à Angoulême au Japon. Y’a pas. Les éditeurs se mettent pas ensemble. C’est vraiment la guerre et la compétition. Ils veulent rien avoir à faire les uns avec les autres donc ça existe pas. Donc un rendez-vous où tu te dis je vais aller voir plein d’auteurs, en fait ça existe pas vraiment. Même la jump festa c’est juste une espèce de truc merchandising où y’a une vidéo d’un auteur qui dessine mais y’en a pas vraiment qui sont sur place pour faire des signatures. Donc y’a pas la culture de ça. Pour prendre la température de savoir si ça marche ou pas c’est compliqué mais j’ai eu plein de témoignages notamment de un gars qui fait les voix sur la saison 2 qui me disait y’a plein de gens qui ont regardé avec leur gamin et qui c’était mis a adoré la série du coup à travers ça donc ça c’est trop bien. Y’a même le gars qui fait un spin-off de Fairy Tail qui était venu me voir à Angoulême spécifiquement. Il était invité, il est venu me voir en me disant « je peux prendre une photo parce que mon fils est fan, moi aussi et j’aimerais trop ». Ça, ce témoignage je l’ai eu plein de fois. Même Arakawa qui fait Fullmetal Alchemist par exemple m’avait fait passer un message me disant « on devait se rencontrer ça c’est pas fait » mais en me disant « je regarde c’est cool et tout ».

F. : Oui t’as quand même une reconnaissance de tes pairs.

T. : C’est ça. Y’a les pros qui regardent. Mashima (Fairy Tail) m’en avait parlé, il regardait ça. Et donc y’a vraiment une espèce de truc comme ça et le mec de la saison 2 qui fait les voix me disait « je regardais la saison 1 avec mon fiston, j’étais trop à fond dedans et j’ai envoyé une lettre au studio qui fait l’enregistrement de voix parce que je voulais participer si ça continuait ». Du coup, il s’est retrouvé à faire des voix dans la saison 2. Il était super investi le gars. Il fait une voix d’une des pierres de mémoire qui a dans Doc mais c’est un petit rôle mais il était trop content et trop fier.

F. : Oui il a sa petite pierre à l’édifice.

T. : Il était vraiment vraiment très investi du coup. Ce genre de témoignage, il y en a quelques uns au Japon.

F. : D’accord. C’est chouette. On n’a pas du tout cette impression là parce qu’on connaît pas, c’est à l’opposé donc… J’ai aussi lu sur une petite interview que tu travaillais avec quelqu’un sur Radiant. Alors j’ai oublié son prénom…

T. : Tpiu ? Elle travaillait avec moi sur 4 albums, elle faisait les trames en fait. Je lui indiquais ce que je voulais sur les trames et puis c’est elle qui les faisait vraiment complètement et voilà. Maintenant je travaille avec un… J’ai arrêté avec Tpiu parce que ça commençait à me demander beaucoup de temps parce que comme je suis en retard très souvent à la fin quand je devais encore avancer, préparer les trames et tout ça me demandait du temps donc ça devenait plus rapide que je le fasse moi finalement à cause de mon rythme. Mais maintenant j’ai quelqu’un dans mon studio qui gomme et qui scanne mes pages donc c’est un autre type de coup de main qui pour le coup m’avance énormément.

F. : Du coup, ma question c’était est-ce que t’es pas inquiet de travailler avec quelqu’un et de laisser un peu « ton bébé » entre les mains de quelqu’un d’autre ?

T. : Ben c’est tellement limitée la tâche que…

F. : Oui voilà. Comme je savais pas exactement ce qu’elle faisait.

T. : Mais même comme ça, j’avoue que quand j’envoyais les trames à faire à Tpiu et qu’elle faisait exactement ce que je demandais, le fait que ce soit pas moi qui les ai faites, quand je les recevais je corrigeais des trucs parce que pendant que je traite une case, des fois, ça se fait sur le coup. Je me dis j’essaie un truc et je me dis finalement ça marche pas, je l’enlève. Donc j’envoyais, elle faisait, je reprenais et je corrigeais. Finalement, entre le fait de les préparer et les corriger ben je prenais plus de temps de la faire. Donc je vois bien que ça me serait très difficile de filer à quelqu’un quoique ce soit.

F. : Bon graphiquement on n’a pas trop de doute hein, tout le monde aime, c’est acté maintenant. Moi je voudrais parler un petit peu de tous les dialogues que tu mets. Comment tu les prépares ? Est-ce que tu prépares tes dialogues avant le récit ou au fil de l’eau ? On en a parlé un petit peu sur ton stand aussi tous les petits jeux de mots que tu mets, entre les bulles, tout, juste les petits mots, les surnoms, les trucs comme ça, est-ce que c’est toi qui les prépares ? Est-ce que c’est des échanges que tu as avec des gens tous les jours et des fois tu te dis « ah cella-là faut que je la note » ?

T. : Y’a un peu de ça. Je prépare pas les dialogues avant. Je prépare ce que je veux raconter genre je vais attaquer un chapitre et je me dis, ça va raconter, en substance je peux mettre trois lignes tu vois. Si c’est un peu embrouillé dans ma tête ben je vais dire machin rencontre machin ils doivent parler de cette problématique, les autres persos qu’est-ce qu’ils font, ils sont à tel endroit. Je vais juste écrire ça et après j’écris mon chapitre directement sous forme de storyboard avec des croquis tout ça, très rapide. Mais au moins j’ai cet espèce de fil conducteur et quand je fais le chapitre vraiment en storyboard, à ce moment-là, je me dis qu’est-ce qu’il va faire, qu’est ce qu’ils doivent se dire, là je fais les dialogues. Et là les conneries sortent. Y’a aussi des trucs des fois que j’entends ou à travers des discussions auxquelles je pense, je me dis « ça c’est beaucoup trop con il faut que je le note ». Je note, je mets de côté, et des fois je reviens dessus, je me dis en fait ça rime à rien.

F. : Ou alors c’est à ce moment-là qu’il faut le mettre…

T. : Ouais. Mais du coup si ça regarde trop le récit pour me dire il faut que je m’oblige à le poser quelque part… Je le faisais avant quand je faisais autre chose et je trouvais ça difficile. Ça orientait trop les dialogues.

F. : Ça t’oblige…

T. : T’amènes la blague. C’est trop appuyé. Alors que finalement des blagues quand tu t’habitues, je le fais tous les jours de toute façon, au quotidien, quand je parle. Tu trolles la conversation en disant des conneries et du coup quand j’écris, c’est d’abord le trollage qui arrive. Et donc j’enlève une grosse partie du trollage, je laisse ce qui a l’air efficace, qui me fait rigoler. Donc ça se passe plutôt dans ce sens-là. Après, quand y’a des trucs très très forts, type je lis un bouquin et je tombe sur une phrase qui me fait tellement réagir je me dis « ça me parle » tu vois, ça m’apporte quelque chose. Souvent ça fini dans la bouche d’un des mentors de Seth. A un moment donné, ils ont une réflexion, ils parlent d’un truc, puis il dit un truc précis… Généralement, c’est pas une citation. Je pense que j’ai jamais fait de citation…

F. : Ça se ressent un petit peu. Ben typiquement avec Merlin, il a toujours… c’est pas des citations mais on sent quand même que c’est inspiré de quelque chose d’assez profond. C’est dit un petit peu sur de l’humour mais ça passe mais on sent quand même que c’est pas juste « là » comme ça.

T. : Ben c’est ça, c’est l’idée. Pour le cas de Merlin, y’a vraiment pas mal d’un gars qui a été un espèce de mentor dans ma vie, un ami, qui est auteur et je m’étais pas rendu compte jusqu’à ce que Murata me pose la question « il vient d’où lui ? C’est un ami à toi ou quoi ? ». J’ai réfléchi. J’ai dit « Merde! Ah c’est lui ! ». Donc y’a pas mal de lui, de tout ce qu’il m’a apporté dans ma vie, dans mes réflexions, plein de trucs qu’on trouve dans Radiant, qui viennent de discussions avec lui, de choses je pense auxquelles je me serais éveillé au fur et à mesure mais pas autant à la fois et aussi profondément. Grâce à gars-là, le fait d’en parler et ce que font les mentors avec Seth type Myr, Alma, Mamie Yaga tout ça. C’est pas lui dire « tu vas vivre comme ça », c’est plus soulever des questions auxquelles Seth va répondre d’une manière « chouette faut que j’évolue, faut que j’avance ». Je voulais par exemple pas qu’il y ait un mec qui dise « ouais sens la nature vas-y tu fais partie d’un tout ». C’était pas ça. C’était Merlin qui lui dit « t’es un animal, t’es au milieu de la forêt, crois pas que t’es mieux parce que tu crapahutes sur deux pattes ». Et il a fallu que Seth fasse l’effort aussi d’aller vers là, en se disant « ben ouais je fais partie de ça, je suis pas à l’extérieur ou quoi je fais partie de ça». Et c’était pas un trip new age. C’était vraiment ma réflexion à un moment donné de me dire « c’est pas naturel de rester juste entre quatre murs avec de la lumière artificielle ».

F. : C’est le cheminement du personnage en fait qui l’amène à évoluer.

T. : Ouais parce que c’est un cheminement que j’ai eu aussi moi.

F. : Y’a un peu de toi en Seth.

T. : Roh, énormément! Y’a énormément de moi dans Seth.

F. : Du coup on arrive sur les deux dernières questions. Là c’est bien, on a parlé un petit peu des petites blagues et tout ça mais tu écris quand même sur des thèmes qui sont importants, on a aussi abordé ça vite fait sur le stand. Sur tout ce qui est différences, tu disais au tout début racisme qui va de pair avec la différence typiquement. Tu arrives à mettre entre deux blagues, ben tourner à la dérision des sujets vachement importants et vachement poignants. Comme je te disais l’échange de Dragonov avec Seth dans le tome 13 où en fait ça te fait vraiment réalisé que c’est le sujet qui est sur la trame du manga tout du long, que tu nous imposes pas ou que tu nous écrases pas à la truelle. C’est dessiné à droite à gauche et ça prend beaucoup de sens là avec cette scène-là. Comment et pourquoi tu en es arrivé à faire ce manga ? Enfin à prendre cette trame-là ?

T. : C’est venu malgré moi je pense. J’imagine que ça tient au fait d’avoir grandi dans une cité avec plein de gens qui étaient dans mon cas de figure, dont les parents étaient pas forcément tous français, et toute la famille était arrivée pour des raisons différentes : chercher du travail, fuir la guerre. Pour le cas de mon grand-père, fuir une sorte de dictature, enfin la fin d’une dictature. Donc tu as tout ça, même si c’est pas présent au quotidien et que par exemple mon grand-père n’en a jamais parlé et tout, il a fallu que je découvre ça après coup. Tu grandis dans un environnement où tout le monde est là pour une raison. C’est pas forcément bien vu. Et ça m’est arrivé alors que dans un pays où la majorité des gens qui se revendiquent de souche sont blancs, et moi qui suis blanc j’ai pas l’air complètement différent mais en sortant de la cité et en allant en centre-ville quand j’étais gamin avec des potes, en étant habillé différemment et puis on m’entendait quand je parlais avec d’autres personnes que je venais plus de la cité plutôt que du centre-ville… y’a eu des moments de frottement. Et puis quand on allait à plusieurs, faire genre acheter un magazine ou un jeu vidéo dans un magasin, on se faisait triquer parce que j’étais avec des potes qui étaient moins blancs tu vois. J’ai quand même suivi une espèce de dommage collatéral de ce que c’était d’être différent en étant pas si différent que ça moi-même tu sais. C’est quand même violent de se rendre compte à un moment donné que j’ai été épargné malgré tout parce que je leur ressemblais plus. Mais j’en ai pris un peu. Quand ça c’est le contexte de vie de toute façon pendant toute la première partie de ta vie qui te construit, j’imagine que ça reste un sujet… c’est pas étonnant que tous les rappeurs parlent de ça. Parce que ayant grandi dedans, tu te dis « c’est ta vie ». Le reste autour…

F. : C’est ce qui construit les gens.

T. : Oui oui. Ce qui est consistant en toi c’est le fait d’avoir vécu là-dedans et d’en être sorti puis d’avoir la capacité de réfléchir, de critiquer tout ça. Sans vouloir faire un message qui tabasse les gens parce que j’adore l’aventure, l’action, l’humour et tout mais tout ça c’est une espèce d’enrobage sur un sujet à chaque fois. Si c’est pas utilisé à dessein, si c’est pas utilisé pour raconter quelque chose, si c’est juste pour faire une blague, j’ai l’impression d’avoir fait un tour de manège. Ça ne me sert à rien. Peut-être que t’as rigolé sur le coup parce que la blague ou le jeu de mots était bon, mais en vrai est-ce que t’as appris un truc derrière ? Rien du tout. Alors que si je suis fan de stand-up américain, j’en écoute beaucoup beaucoup. Par exemple, Dave Chappelle c’est peut-être mon préféré, avec d’autres, mais Dave Chappelle il est hyper politisé et il te tabasse jamais avec des trucs politiques. Le mec est hyper engagé, dans plein de communautés différentes, il est hyper sur l’ouverture lui en tant que afro-américain ayant grandi dans un quartier blanc, il a tellement de trucs à raconter trop marrants tu sais. Dans un quartier… Dans une école en tout cas de blancs. Et il a toujours un petit truc, un petit déclic où tu te dis il est en train de te raconter une connerie mais pas possible et à un moment donné il t’accroche et il te ferait presque pleurer tu te dis « merde j’ai appris un truc ». Et derrière, il fait une blague qui tabasse et là tu pleures de rire. T’as tout en même temps et ça tu le gardes mais de fou. Quand je vois un standuppeur qui arrive à faire ça, je me dis j’ai appris un truc, j’ai rigolé, j’ai passé un des meilleurs moments de la semaine, du mois, de l’année, et pourtant j’ai gardé un truc avec moi, ça me construit encore. Et ça, je suis fan. De se dire tu peux apporter, tu peux être inclusif, faire rire les gens avec toi ou les intéresser, et tu peux quand même leur délivrer un truc intime sur lequel ils vont pouvoir réfléchir. Parce que toi à un moment donné tu as réfléchi dessus. J’ai pas la prétention de dire « j’ai une vérité », c’est la prétention de dire juste « vous, est-ce que ça vous fait réfléchir ou pas » ? Si c’est une prétention, c’est celle-là. Est-ce que vous aimeriez pas réfléchir à ça aussi ? Juste filer des indices de ta vie, de n’importe quoi qui amène à ça et qui font juste penser à la question. Même pas forcément pour que les gens adhèrent à ce que tu fais mais au moins réfléchir. C’est pas le but en soi, mais c’est comme une espèce de nécessité en fait que j’ai. Quand je m’en suis rendu compte du coup j’ai essayé de donner des formes à tout ça quoi. Je m’en suis rendu compte à la fin du tome 1. Pas pendant que j’étais en train de préparer le dossier.

F. : Ben c’est plus tôt que moi ! Moi je l’ai vu au tome 13 donc avec cette discussion. Alors, c’est pas que j’avais pas vu avant mais j’avais pas forcément pris conscience que c’était une trame vraiment importante, qui était au cœur du manga et donc après cet échange, je me suis repris tous les tomes. En fait oui, tu mets des petits indices dissimulés partout. On le voit quand les petits de Rumbbletown au tout début passent en infectés après. Tout ça à la relecture tu te dis « ouais c’est âs juste des blagues qui parlent de ça », en fait c’est des blagues qui laissent le lecteur réfléchir à tout ça. J’ai trouvé ça super malin parce que justement c’est pas écrasé, c’est pas mis en plein milieu, c’est pas le message « ouais c’est la différence »…

T. : Ouais je voulais pas qu’ils soient à terre en disant « on est tous des frères ! Et la couleur n’existe pas ! Venez tous avec moi ». C’était pas du tout le propos.

F. : Et ça aurait complètement dénaturé tout. Je pense que ça aurait pas été aussi agréable.

T. : Et en plus, je m’en rends compte, façon j’ai jamais les réponses. Dans 5 ans, j’aurais évolué. Ce que je pourrais marquer là comme une vérité en disant « allez c’est comme ça que ça se passe », peut-être que je serais pas d’accord dans 5 ans. Je fais attention à ça aussi, tu sais, je suis en évolution sur ce sujet aussi.

F. : Du coup, ma dernière question de conclusion. On en a un petit peu parlé, qu’est-ce qui nous attend avec le futur de Radiant ? Est-ce que tu as une autre actu que Radiant ? Et est-ce qu’on peut imaginer voir un artbook sur Radiant avec une belle cover en dur et tout ?

T. : *rires* J’imagine. Évidemment, l’artbook ça fait des années que j’y pense et j’attends d’avoir suffisamment de matériel parce que j’ai pas de temps pour créer plein de choses. Je créerais des choses si on fait un artbook mais je voulais que ce soit vraiment un recueil de ce qui existe et pas une création. Là y’a par exemple Reno Lemaire qui est en train de faire un artbook pour Dreamland, le mec est taré ! Il a créé un artbook quoi. Je suis trop admiratif. C’est trop bien mais mon propos ça serait pas ça. Ça serait de faire un recueil tu vois. Donc j’attends. J’imagine que ça viendrait pas avant au moins un ou deux ans, peut-être plus. Mais à un moment, c’est sûr ça arrivera. Ne serait-ce que pour mettre toutes les pages en couleurs en grand format, toutes les couvertures, tout le boulot que j’ai fait à côté, où j’ai mis en scène Seth, genre couverture de « L’équipe » seth qui fait du rugby, c’est n’importe quoi mais je mettrais ce genre de truc aussi.

F. : ou ton poster sur Dragon Quest ?

T. : Ça je pense que je pourrais pas vraiment. Peut-être, c’est possible mais c’est pas un artbook sur moi mais sur Radiant donc je sais pas si je m’amuserais à mettre d’autres choses autour. Mais par contre pour le reste de Radiant, y’a plein de manga *rires* ! Peut-être j’espère un spin-off d’ici un ou deux ans que je suis en train de préparer j’espère, ça serait cool. Et aussi plein de produits dérivés qui arrivent.

F. : On en parlait tout à l’heure avec le cahier des charges, des couleurs etc.

T. : Oui, ça.

F. : Ben c’est parfait ! Je te remercie pour cette petite entrevue et ton temps.

T. : Merci à toi.


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