Furtif
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Furtif

Furtif

Lorsqu’on vous dit qu’un personnage est co-créé par Robert Kirkman et Marc Silvestri, ça ne peut que laisser présager du bon. Et même s’ils ne sont pas aux manettes de la série, Furtif pourrait s’avérer être une itération réussie sur la thématique du héros vieillissant.

Car oui, dans Furtif, le héros, Daniel, est un vieux monsieur à moustache [à croire que c’est devenu une obligation, passé un certain âge, de se laisser pousser la moustache!]. Et c’est également le père de Tony Barber, un reporter très engagé dans le social et décidé à utiliser son métier pour écrire des articles qui comptent pour la ville de Détroit. Sauf que Daniel continue, lui, de jouer les super-héros avec son armure de Furtif. Mais à son âge, ça commence à débloquer au plafond et on ne sait pas s’il s’agit vraiment d’Alzheimer, ou si c’est son costume qui en est la cause. Et lorsqu’il pète les plombs, Furtif se mélange les pinceaux entre présent et passé, confondant les policiers avec des malfrats et son fils avec son ennemi juré. Un passage à tabac paternel plus tard, il est temps pour Daniel de raconter à son fils comment il a obtenu son armure.

Le scénario de Mike Costa joue beaucoup, énormément, sur la relation père-fils des Barber. On comprend parfaitement les motivations de Daniel, super-héros depuis quarante ans et qui, malgré sa confusion mentale, n’arrive pas à décrocher. Un peu comme un junkie qui ne pourrait pas se passer de sa prochaine dose. D’un autre côté, on développe également beaucoup d’empathie pour Tony, fils bien adulte qui apprend par hasard que son père est un super-héros, au moment où ce dernier le confond avec un malfaiteur et lui met la raclée de sa vie. Et malgré tout, il pardonne. Parce que c’est son père, parce que la maladie en fait une autre personne. Même si le scénario joue beaucoup sur le pathos, ça marche et ce n’est jamais “surjoué”. À l’inverse du vilain de la série qui, lui, est en plein dans la démesure. On va dire que ça contrebalance un peu…

Sur le fond de l’histoire, Costa nous propose juste des scènes de la vie ordinaire, lorsque le père perd la tête, avec le côté super-héroïque en plus. Mais on aurait pu se limiter à cette relation père-fils, saupoudrée de l’enquête de Tony, bien sûr, sans que ça ne nuise à la qualité de la série.

Au dessin, Nate Bellegarde nous propose un vrai découpage à la sauce comics, sans jamais tomber dans le too much du super-héros. Là encore, les planches s’attachent plus à l’humain qu’au super-héros, même s’il nous gratifie de quelques splash et poses héroïques. Sont trait, relativement épuré, se densifie dans quelques moments dramatiques, appuyant le scénario. Si on rajoute la palette de couleurs de Tamra Bonvillain, jamais criardes, le résultat graphique est des plus plaisant.

Je n’avais pas donné sa chance à Furtif en V.O et je suis bien content de m’être rattrapé sur la V.F. Ce one-shot est une réelle bonne surprise et nous propose une histoire solide et des graphismes à l’avenant.


  • Titre: Furtif
  • Broché : 160 pages
  • Editeur : Delcourt
  • Collection : Contrebande
  • Langue : Français
  • ISBN-13 : 9782413041153
  • Prix : 15.95€

 

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