Bully Wars
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Bully Wars

Il y a quelque chose de pourri au lycée de Rottenville. Et ce n’est ni le vestiaire des garçons, ni la purée de la cantine. C’est surtout que le lycée est géré par des brutes qui brutalisent brutalement les abrutis de nerds et autres naïfs neuneus. Tout ça pour dire que c’est pas gagné pour Spencer, Edith et Ernie. Comble du malheur pour eux, ils vont retrouver leur brute domestique, celle qui les harcèle depuis la maternelle : Rufus. D’ailleurs, dès le premier jour de lycée, Rufus se fait plaisir avec ses souffre-douleur habituels et est bien décidé à s’imposer comme la brute en chef du lycée. Sauf qu’il pénètre dans un tout autre monde, sous la coupe de Hock, une véritable montagne de brutitude. De harceleur, Rufus va passer en une journée au rôle de harcelé. Seule solution pour lui de trouver un semblant de statut social correspondant à son standing passé, gagner La Guerre des Brutes.

Skottie Young assure le scénario (sans le dessin), pour cette histoire qui dénonce les brutes de tout genre, celles qui traumatisent chaque année scolaire un bataillon d’élèves. Si ses personnages sont caricaturaux, ce n’est que pour mieux servir le propos. Du bataillon de nerds qui aide la sale brute qui les traumatise depuis l’enfance, au prof de sport tyrannique, en passant par la brute en chef et son escouade de suiveurs, tout le monde agit de façon manichéenne. Mais ce n’est pas grave, car on comprend mieux ainsi qui est qui et qui fait quoi. Il ne faut pas oublier qu’on est dans la gamme Urban Kids et qu’il vaut mieux faire passer le message ainsi qu’à grands coups d’anxiolytiques ou de suicides dus au cyber-harcèlement (d’ailleurs absent du volume). Tout ça pour dire que chaque enfant peut, du jour au lendemain, se retrouver dans la peau de la victime, même s’il est une brute depuis l’enfance. Hein, Rufus? Sous couvert de comédie, le propos est intelligemment amené.

Le dessin d’Aaron Coinley aide beaucoup également. Son style caricatural, empruntant beaucoup à Skottie Young, justement, aide un peu à dédramatiser le propos et à garder cet aspect comédie/kids. Je dois avouer que j’ai même cru que le volume s’était dessiné par Young avant d’y regarder de plus près [alors que je n’avais qu’à lire la couverture]. Mais pour tout dire, c’est à Niro que j’ai pensé sur de nombreuses planches, tellement la dynamique de la mise en page se rapproche de ce qu’il a pu produire sur Friskoz Invaderzs. Et dynamique, ça l’est! Le storytelling explose dans tous les sens à grands coups de double splash pages entre le jeu vidéo et les dessins animés de Scooby Doo.

Véritable pamphlet contre le harcèlement scolaire, Bully Wars en évite tous les écueils et propose un volume fun à lire, mais qui, en sous-texte, permet de réfléchir sur le comportement de ces brutes. S’il a, néanmoins, un petit côté gnangnan, le titre a le mérite de s’adresser exactement à son public en prenant le contre-pied de ce que nous proposent les séries télé sur les lycées américains, toujours plus bling-bling. Une vraie réussite, quel que soit l’âge du lecteur.


  • Titre: Bully Wars
  • Broché : 144 pages
  • Éditeur :Urban Comics (Kids)
  • LangueFrançais
  • ISBN-13 : 9791026819004
  • Prix : 15€

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