Mystery : Journal d’un super-héros
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Mystery : Journal d’un super-héros

Les super-héros, c’est pas pour les rigolos! C’est vrai que c’est souvent sombre, violent et plutôt orienté adultes. Du coup, on va s’intéresser pour une fois à une B.D de super-héros made in France, chez Makaka, et plutôt orientée jeunesse : Mystery : Journal d’un super-héros.

Les faits se déroulent à Chicago en 1938. On commence par suivre un journaliste météo, Jerry Jingle, qui fait ses prévisions directement en planant au-dessus des nuages [au sens propre, hein, c’est une B.D pour enfants]. De retour sur le plancher des vaches, il va assister à une pluie inhabituelle de dinosaures. Et c’est là qu’on va assister à sa transformation en le premier super-héros au monde : Mystery. Accompagné de Margot Muffin, une apprentie journaliste plutôt cantonnée aux taches subalternes en ces temps de machisme, Jerry va entamer une enquête sur Le Geek, super-vilain aux armes futuristes. Dans le même temps, Jerry va exposer son alter-ego, Mystery, au monde, pour arrêter le Geek.

On pourrait penser, de prime abord, que le scénario est simpliste. Mais sur une idée assez simple, Ced nous livre une B.D un peu plus fouillée qu’il n’y paraît, s’interrogeant sur la recherche de l’identité, les geeks, et la place des femmes dans la société. Des débats qui sont d’actualité dans le contexte de l’entre-deux guerres, mais également encore de nos jours. Outre cette lecture à plusieurs niveaux, c’est un hommage poignant au genre super-héroïque qui est rendu. Jerry est un Clark Kent déguisé, et Margot Muffin une apprentie Loïs Lane. Le choix des années 30 n’est pas fait non plus au hasard. Juste après Superman (1933) mais juste avant Batman (1939), c’est là qu’ont commencé à poindre les super-héros du Golden Age. Autre clin d’œil, le doublement de la première lettre du prénom et du nom des protagonistes, procédé récurrent chez Stan Lee. Ces hommages vont plus loin que la simple anecdote, car même la structure narrative en plusieurs “épisodes” de 22 pages est respectée. On est loin de la catégorie “gros nez” représentée par Captain Biceps, par exemple.

Ma rencontre avec Ced lors du SLPJ 2016 à Montreuil m’a permis de constater sa grande connaissance et son amour des comics. Et dans Mystery, il s’amuse avec les codes du medium, allant jusqu’à faire s’interroger le héros sur le fait que sa collègue ne le reconnaisse pas, simplement parce qu’il porte un masque.

Si Ced, également dessinateur, a créé les designs des personnages, la partie graphique est assurée par Stivo. Le dessin, et la colorisation, du coup, sont numériques. Cela permet à Stivo de s’amuser avec la mise en page et la dynamique des cases pour souvent faire déborder les personnages d’une case sur l’autre. Il a également inséré un effet “pixellisation des couleurs”, comme dans les anciens comics, qui rend l’ensemble moins lisse et évite justement de le classer définitivement dans la catégorie “album pour enfants”. Alors oui, on n’y coupe pas complètement non plus, les personnages étant assez caricaturaux dans leur physique, mais, au final, ça reste dans le ton.

C’est avec plaisir que l’on lit cet album, les références utilisées se rapportant à la culture populaire et n’étant pas forcément réservées qu’aux amateurs de comics. Caricature tout public, même sans avoir jamais lu un comic de sa vie, c’est le genre d’histoire, qu’un lecteur, jeune ou moins jeune, peut apprécier. La série propose d’ailleurs un Tome deux ainsi qu’un livre dont vous êtes le héros.

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