Les soucis de l’adaptation, l’exemple de Civil War – Partie 1
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Les soucis de l’adaptation, l’exemple de Civil War – Partie 1

         Bonjour et bienvenue à tous dans les Dossiers de GL ! Cette semaine, nous allons — comme prévu — poursuivre la question des problèmes de l’adaptation en traitant certains exemples précis.

Comme dit dans le précédent dossier, nous allons ici essayer d’étendre les problèmes de l’adaptation, selon Pascal Lefèvre ; et même aller plus loin, par la suite.

Premier souci de l’adaptation : ce que l’on retient ou non du produit original. Cela peut paraître assez insignifiant, mais il s’avère que ce qui est retenu ou non d’une œuvre peut changer complètement le message de cette dernière. Pour traiter ce problème, j’ai décidé d’utiliser l’exemple de Civil War et de son adaptation Captain America : Civil War. Comme vu dans le dossier « Civil War – Prélude à l’adaptation », une simple image peut perdre tout son sens, même en étant repris « parfaitement », pour rappeler l’œuvre d’origine. De la même manière, le film peut même proposer une nouvelle version de l’histoire, et des personnages. En prenant l’exemple de Civil War et en le décortiquant, nous allons essayer de voir la différence des messages qu’envoient le comic-book et son adaptation cinématographique.

Commençons tout d’abord par décortiquer l’oeuvre originale. L’histoire dans le comic book commence aux États-Unis, lorsqu’un groupe de jeunes super-héros (les New Warriors) attaquent – en direct à la télévision, pour les bienfaits d’une téléréalité – un groupe de jeunes super-vilains. Le combat se passe mal, un des super-vilain (Nitro, pour être exact) s’énerve et explose tout un pâté de maisons. Les dégâts sont plus que conséquent, Captain America parle même de « 800 à 900 victimes. » – un chiffre abaissé à environ « 612 victimes. Parmi lesquelles se trouvent 60 écoliers », d’après un agent du S.H.I.E.L.D., visible dans le back-up du premier chapitre (Pour rappel, Dans le monde des comics, un back-up est une petite histoire à part, en quelques pages, placée à la fin d’un chapitre, et ayant généralement un lien quelconque avec le reste du comic-book. Habituellement, le back-up se déroule en même temps que le chapitre, mais explique une autre histoire, ou dévoile le point de vue d’un autre personnage). Très vite, des tensions montent dans tout le pays : beaucoup prennent les super-héros pour responsables. Lors d’une veillée collective dans une église proche des lieux du drame, une femme interpelle Tony Stark – qui finance les Avengers, et qui est secrètement Iron Man – et lui crache au visage, lui expliquant que même s’il n’a rien à voir avec les New Warriors, il fait partie de ceux qui leur ont fait croire qu’ils pouvaient être au-dessus des lois en portant un masque et des collants. Elle lui rappelle alors que les policiers suivent une formation et reçoivent une habilitation, quand les super-héros n’ont ni l’un ni l’autre. Les médias étant sur place, ces questions commencent à faire le tour du pays. Des vagues de révoltes entraînent des agressions sur des super-héros, dans la rue. Le gouvernement propose alors une loi de recensement des super-héros. Les personnes ayant des super-pouvoirs devront rendre leur identité publique – afin de répondre de leurs probables futurs crimes devant le peuple – et suivre une formation et des tests pour recevoir une habilitation à travailler. Certains y voient la possibilité d’être éthiquement plus juste, et de rassurer un monde complètement paniqué ; d’autant plus que beaucoup de super-héros ont des identités publiques (comme les Quatre Fantastiques, notamment). Mais les autres y voient une manière de garder une emprise sur eux et de les manipuler, d’en faire des super-flics au service du gouvernement ; et Spider-man soulève le problème qu’avec une identité publique, il mettra en danger sa famille et ses proches. Iron Man se range du côté de la loi et devient alors un chef de file.

D’un autre côté, Captain America se retrouve dans un héliporteur du S.H.I.E.L.D., aux côtés de Maria Hill, la directrice de l’agence. Elle force le Captain à se joindre à elle et à appréhender ceux qui ne voudront pas suivre la loi. Le super-héros ne veut pas jouer les agents de la Gestapo, d’autant que cela le forcera à se retrouver face à beaucoup de ses amis, et qu’il comprend leur point de vue. Ne voulant pas accepter de se rendre, Maria Hill en fait un ennemi public. Captain America devient alors le chef du groupe anti-recensement, et beaucoup de super-héros se joignent à lui.

Arrêtons-nous là pour l’instant, afin de traiter le message du comic book, jusqu’ici. Tout d’abord, l’histoire commence par une critique d’un fait bien réel : la télé-réalité et ses conséquences. En effet, le drame – qui cause toute la guerre civile qui suivra – démarre parce que des jeunes ont voulu se filmer, en faisant quelque chose d’incroyable, pour faire de l’audimat et regagner un peu de succès après le départ du héros le plus célèbre du groupe (Rappelez-vous, Nova est parti dans l’espace pour faire son travail en tant que membre de la Cohorte des Nova. Le combat qu’il lance contre les super-vilains a pour but de redorer le blason de leur groupe, comme l’explique Speedball à la page 3 du premier chapitre). Cet acte imprudent fait monter les tensions dans le pays, car ce sont les « super-héros » qui sont venus chercher le combat contre les super-vilains (ces derniers étaient tranquillement cachés dans une maison de quartier, et ne faisaient de mal à personne, à cet instant. On voit même le personnage de Coldheart sortir les poubelles). On nous montre donc les « combattants de la justice » comme des personnages pouvant être dangereux, et ayant des torts plus que flagrants.

De ce fait, il est logique de voir que le peuple et le gouvernement commencent à remettre en question les soi-disant super-héros. Les événements ne se déroulant qu’aux États-Unis, la loi mise en place ne concerne que ce pays ; et en plus de faire des super-héros, des super-fonctionnaires, ils ne seront aux ordres et ne devront rendre de compte qu’à un seul pays. Qui plus est, ce décret met leurs familles en danger. Cependant, il leur permet aussi de ne plus être des hors-la-loi, et de garder une certaine éthique : on comprend donc pourquoi certains se rangent du côté de la loi, et d’autres, non. Enfin, Captain America, refusant d’être forcé à abattre ses amis s’ils n’acceptent pas cette loi, devient un criminel et se fait attaquer par le S.H.I.E.L.D. sans même pouvoir discuter. Ne supportant pas de servir un gouvernement un poil trop autoritaire, il rejoint le camp des rebelles. Tous les super-héros ont donc des raisons de se battre et des arguments pour eux ; et il est difficile pour le lecteur de réellement choisir un camp.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! On se retrouve dans deux semaines pour voir ce qu’il en est du film !

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