Le Privé
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Le Privé

Aujourd’hui, et après avoir dévoré et digéré les trois premiers numéros, je vais vous parler de Le Privé. [Oui, c’est moche à lire, mais c’est comme ça…] Mais Le Privé, c’est quoi ? De la B.D traditionnelle ou du French Comics ?
Et la réponse est indubitablement : le meilleur des deux, ma brave dame !

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La série suit le parcours, les enquêtes, d’un détective privé dans la pure veine des héros de James Ellroy. De fait divers en enquête sordide on en apprend de plus en plus sur sa vie, son passé, ses méthodes. Le héros, tout en demi-teintes, promène sa carrure dégingandée et son visage de rapace dans tous les coins sombres et sordides d’une ville américaine intemporelle. Il y distille une justice et des services monnayables, toujours à la limite de la morale.

Et c’est là l’une des grandes forces du scénario de Jérémy Bouquin : avoir su flirter avec la moralité, le bien, le mal, la loi. On ne se retrouve pas devant une histoire manichéenne avec des gentils et des méchants bien reconnaissables. On a plutôt l’impression d’être le témoin de tranches de vie, où chacun fait ce qu’il peut pour s’en sortir.
Le découpage du scénario du premier épisode peut être perturbant et il faut lire la postface de l’auteur qui éclaircit les choses. Mais il faut surtout lire les numéros suivants et là, à la manière de la dernière scène de Usual Suspects, tout s’éclaire pour le lecteur. Foin de Keyzer Söze dans Le Privé, mais un scénario bien plus complexe qu’il ne laisse paraître à la première lecture, et un enchevêtrement d’histoires, de destins, entrecoupé de faits divers puisés dans les journaux, se rapprochant en cela de la structure utilisée par Bram Stocker pour Dracula. Excusez du peu !

Le découpage, visuel cette fois, s’accorde parfaitement au scénario. Chaque planche, chaque case est à sa place exacte pour s’imbriquer dans une histoire globale. D’un numéro sur l’autre, quel que soit le point de vue, l’unité graphique est respectée. Les dessins de Sebba, restituent parfaitement cette ambiance sur le fil du rasoir, ponctuée de retours en arrière et bonds en avant. Amoureux du noir, l’artiste nous en livre des palettes entières, à la manière d’un Frank Miller en mode Sin City. Mais il ne succombe pas aux sirènes de la facilité et arrive à modifier les ambiances par de simples détails ou l’usage de couleurs diluées, renforçant l’effet “film noir”. D’ailleurs, les personnages, à commencer par le héros, ont de vraies “gueules” et auraient mérités de se retrouver dans un film d’Audiard.

La lecture de ces trois numéros terminée, je n’ai qu’une seule envie, c’est de lire la suite. Je peux évidemment chipoter en disant que je trouve que le numéro trois a peut-être un peu trop de traitement numérique de l’image. Mais il bénéficie de cadrages un peu plus originaux, renforçant l’immersion dans l’histoire et l’ambiance polar.
Je peux aussi me plaindre que Le Privé souffre d’une parution irrégulière qui, à mon avis, le dessert un peu alors qu’il s’agit d’un comics de grande qualité.
Mais là n’est pas le propos, car ce ne sont que des détails, écrasés par la qualité de la série. Et avec un peu de chance le numéro quatre devrait être fin prêt pour la PCE 2016 et les images distillées par Sebba sur les réseaux sociaux laissent présager d’un grand cru.

 

Jérémy Bouquin et Sebba ont réussi le tour de force de créer une série de haut vol, au scénario ébouriffant et à la patte graphique saisissante. Une fois de plus les artistes Français montrent qu’ils peuvent tenir la dragée haute face à leurs homologues Américains.
Aelement comics a, avec Le Privé, une véritable pépite dans son catalogue, qui mérite de trôner en bonne place dans toutes les bibliothèques, que l’on aime le comics ou la Bande Dessinée traditionnelle.

metro

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