Le Fleuve Shinano
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Le Fleuve Shinano

         Bonjour et bienvenue à tous  ! Cette semaine, une review manga, avec l’intégrale d’un classique  : Le Fleuve Shinano, sorti chez Kana le 24 août dernier  !

L’oeuvre, scénarisée par Hideo Okazaki et illustrée par Kazuo Kamimura, suit la vie quelque peu mouvementée d’une jeune fille japonaise — de sa naissance à ses 35 ans —, vivant sur les bords de la Shinanogawa (le nom du fleuve, se traduisant par «  rivière mortelle  » en français). Yukié Takano est une fille unique, extrêmement belle, issue d’une famille japonaise aisée de l’entre-deux-guerres. Tout au long du récit, on suivra ses différentes histoires d’amour (cinq en tout), qui ne seront pas de tout repos. En parallèle à la Shinano, fleuve capricieux souvent perturbé et violent, la vie et le destin de la jeune Yukié vont être emportés et balayés. C’est avant tout une histoire de destinée : le destin de Yukié est lié à sa famille et à leurs soucis. Peu importe ses choix, le destin la rattrapera, et passera de génération en génération. L’intrigue est, par ailleurs, accompagné par de brefs moments d’histoires, permettant de situer le récit dans le temps et l’époque.

Si je devais placer l’histoire dans un mouvement littéraire, je le mettrais sûrement dans le courant « réaliste », car le sujet est souvent sombre et froid, malgré le thème lié à l’amour. L’oeuvre en sort parfois très crue, et très dure. Cependant, les personnages ne sont pas forcément très intéressants, et j’ai personnellement eu un peu de mal à m’investir ou à m’attacher aux différents protagonistes. Ces derniers vont vivre des tragédies, des drames, et agir en conséquences, mais pas forcément de manière cohérente. Qui plus est, ne m’étant pas spécialement lié aux personnages, leurs différentes mésaventures me semblaient parfois insipides. En outre, le « réalisme », ce n’est vraiment pas ma tasse de thé, et j’ai toujours eu du mal à entrer dans un récit suivant des personnages pathétiques (dans le premier sens du terme) et déprimants (mais je conçois tout à fait que ça puisse plaire à d’autres ; les goûts et les couleurs, comme on dit). Néanmoins, avec une intrigue ne m’intéressant pas, j’aurais pu rapidement me lasser et laisser tomber la lecture.

Toutefois, le scénario n’est clairement pas le plus intéressant, ici. Tout le récit présente une sorte de poésie, parfois littéralement écrite sous forme d’haiku, mais à d’autres moments, simplement supposée, notamment par la métaphore implicite entre le cours du fleuve et le cours de la vie de Yukié, mais pas seulement. Et ce qui rend vraiment mémorable cette œuvre, c’est tout le travail de Kazuo Kamimura. Empruntant les traits fins et simples de l’art de l’ukiyo-e, l’artiste créer son propre style de dessin et ça fonctionne parfaitement. Hormis quelques rares cases que j’ai trouvées un peu fades, ou pas très marquantes, le livre tout entier est une galerie d’art. Chaque case est percutante. Et ce, de plein de manières différentes. Tout d’abord, pour représenter la poésie du récit au travers de certaines astuces (dès les premières pages, notamment, avec la scène dans la neige présentée ci-dessous). Kazuo Kamimura réussit à rendre compte, toute en finesse de la beauté des paysages, des émotions, des évènements, et tout simplement des poèmes qui sont associés à ses planches.

         De plus, avec des traits simples et des images parfois très minimalistes, il arrive à dépeindre des scènes brutales comme des scènes délicates ; des émotions et des ressentis. Par exemple, la première rencontre entre Tatsukichi et Yukié dans leur adolescence présente toute la sensualité et la volupté de la jeune fille, et tout le désir et l’ébahissement du jeune garçon. Et ce, malgré des traits fins et un minimum de détails. Kamimura ne nous montre pas, il nous fait ressentir les émotions des protagonistes.

Enfin, il arrive à être tantôt dynamique, tantôt calme ; tout en maitrisant l’un comme l’autre. De plus, le rythme, plutôt bien géré, instauré par Hideo Okazaki, entre en parfaite adéquation avec les illustrations de Kazuo Kamimura. On sent une certaine osmose dans le travail des deux auteurs.

En tout cas, il s’agit du seul livre, à ce jour, qui ne m’a pas du tout plu au niveau scénaristique mais pour lequel j’ai quand même ressenti de l’envie d’en voir et d’en savoir plus. La beauté de ce manga ne tient clairement pas à son intrigue, mais à ses dessins et à la poésie de son écriture.

         Sinon, l’ouvrage publié par Kana propose une préface et une postface permettant d’en apprendre un peu plus quant à la conception du manga, qui a lui aussi connu quelques déboires lors de sa création ; retardant grandement sa sortie au point de ne pas voir le jour du vivant de Kamimura.

À tout de même noter que le manga est «  Pour public averti  », car présentant des sujets assez durs, des passages violents, mais aussi et surtout des scènes de sexe et de viol.

Sur ce, on se retrouve dans deux semaines pour une nouvelle review !


Titre : Le Fleuve Shinano – Intégrale

Pages :  720 pages 

Editeur : Kana (24 Aout 2018)

Langue : Francais 

ISBN : 978-2505072348

Prix : 18€ 

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    [skill title_background=”#6adcfa” bar_foreground=”#6adcfa” bar_background=”#eeeeee” percent=”70″ title=”HISTOIRE”]
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