Grey
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Grey

Cette année le Père Noël n’a pas été un petit vieux rondouillard. Non, il ressemblait plutôt à un grand Viking qui m’a ramené un comics que je ne connaissais pas. J’ai pris mon temps pour me plonger dedans de mon plein Grey [oui, celle-là, il fallait l’oser!].

9782365480055-4e23ae5Nous parlons donc de Grey, one shot indépendant publié par French Eyes. Sans à-priori particulier sur le comics ou l’éditeur, j’ai commencé ma lecture. Si la couverture annonce franchement la couleur avec son “petit gris” (non, pas l’escargot) en gros plan, la préface fait saliver. Le comics semble être l’œuvre de passionnés, décrit l’histoire en précisant qu’il est prévu d’en faire un film, et préconise même de lire ce comics la lumière allumée. Bigre ! Jetons-nous sur ce bouquin…

 

La couverture, donc, ne ment pas. Il est ici question d’aliens classiques. Enfin, classiques depuis qu’ils ont été popularisés par X-Files et Jacques Pradel. Ces petits gris se sont arrêtés dans la petite bourgade américaine de Bullard Valley, où ils opèrent des expériences sur des vaches et où des jeunes gens sont enlevés. Mais on leur avait dit qu’il ne fallait pas aller se tripoter dans les champs de maïs. Pas de panique !, comme disait le grand Douglas Adams. Le shérif est là. Transfuge de la police de New York, il s’est installé dans cette petite ville bien tranquille pour y soigner sa maladie incurable et va être assisté par un UFOlogue dans sa traque à l’alien.

Ne nous mentons pas et allons directement à l’essentiel : tous les poncifs du genre sont utilisés. Des ados qui disparaissent, aux crop-circles, en passant par les redneck pressés de buter tout ce qui bouge, le scénario est d’une platitude affligeante. Jusqu’au dénouement, assez abrupt d’ailleurs, qui se veut être une parabole moralisante sur la tolérance et la compréhension. Jared Barel, au scénario, ne s’est vraiment pas foulé et a livré une histoire digne d’un reportage de télé-réalité sur une chaîne de la TNT. Les personnages sont creux, leurs antagonismes et leurs réactions téléphonées (quoi ? Le maire ordonne au shérif de ne pas stopper la fête ?! Mon Dieu, c’est de l’inédit). Rien à en tirer de ce côté-là.

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Alors on se dit : Waow, mais le dessin doit être génial ! C’est un mélange de prises de vues réelles numérisées et redessinées. Jared Barel et son frangin Jordan se chargent de la partie graphique. Des artistes complets, donc.

Soyons honnête : ça aurait pu être pire. Passé le temps d’accoutumance, le comics se lit sans nécessiter de porter des lunettes noires ou faire des pauses trop fréquentes. Les aplats de couleurs sur les prises de vue réelles ne sont pas si mal fait que ça, et l’utilisation de la colorisation informatique passe assez bien. Mais bon, ce n’est pas non plus la panacée. Le plus intéressant réside dans les dernières pages où les auteurs expliquent leur façon de procéder et où on peut se dire que ça doit être assez fun de participer à ça. Mais c’est loin d’être révolutionnaire.

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Alors certes, les auteurs sont certainement passionnés. L’éditeur a sorti un volume qualitatif sur papier glacé et couverture cartonnée souple à rabat. Cependant, je ne peux pas conseiller cette lecture. Tout travail mérite d’être reconnu et on sent un véritable investissement dans cette histoire. Et certainement que si Mulder et Scully ou Bertrand Keufterian en avaient été les protagonistes on le résultat aurait été différent. Mais cette histoire aurait certainement été originale si elle était sortie il y a une trentaine d’années. En l’état, je dirais plutôt que Grey a raté sa cible de quelques décennies.

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