Civil War – Prélude à l’adaptation
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Civil War – Prélude à l’adaptation

Bonjour et bienvenue à tous dans les Dossiers de GL ! Cette semaine, nous allons aborder un sujet que je vais traiter sur plusieurs semaines et sous plusieurs angles : l’adaptation, son histoire et ses problèmes.

Comme vu dans le Dossier sur « L’imaginaire collectif et le Mythe », les adaptations – souvent plus connues par le grand public que les œuvres originales dont elles sont inspirées – vont devenir une référence dans l’inconscient collectif. Cependant, ces références n’ont rien à voir avec ce que l’œuvre de base essaie d’apporter ; étant donné qu’elles ne sont pas exprimées avec le même matériau, et qu’elles ne s’adressent pas au même public. Dans l’épisode Adaptation et langages de l’émission BiTS diffusée sur Arte, Stéphane Moïssakis dit d’ailleurs que « l’idée d’être fidèle à une bande dessinée, en soi, c’est une aberration, puisque [ce sont] deux langages différents. Le fameux adage, c’est “adapter, c’est trahir.” ». Lorsqu’on passe du support papier de la bande dessinée au support cinématographique ou vidéoludique, il ne faut pas transposer tel quel ce que nous montre le comics car – en plus de ne pas avoir de réel intérêt – ça ne donnera pas forcément la même chose à voir aux spectateurs ; les divers formats ayant des codes radicalement différents.

Quand dans le film Captain America : Civil War — sortie en 2016 et reprenant la série de comics du même nom, parue chez Marvel en 2006 — les frères Russo nous montrent à 2h07 une scène apparue dans la bande dessinée, on aurait pu y voir un bel hommage. Malheureusement, elle n’a pas du tout le même impact. En effet, dans le comics, les héros sont à bout de force, leurs costumes partent en lambeaux, ils se tiennent debout, dans une ville délabrée, parmi tout un tas de super-héros tombés au combat dans les pages précédentes. Cette planche a un impact fort dans la bande dessinée, car elles montrent à quel point le combat a pris une tournure complètement désastreuse, et combien les deux super-héros – que sont Iron Man et Captain America – sont fatigués : ils ne sont plus les grandes icônes qu’ils sont censés représenter, mais juste deux hommes pathétiques qui persistent à s’affronter alors qu’aucun n’en a ni la force ni l’envie.

Dans le film, en revanche, les deux héros se tiennent bien droits, seuls dans un espace complètement épuré, leurs costumes presque impeccables. Qui plus est, alors que tout le reste du film va à toute vitesse et que les plans s’enchaînent à une allure ahurissante, cette scène passe au ralenti. Là où dans le comics, les personnages semblaient déchus de leur rang d’icône, ils sont montrés comme des dieux à l’apogée de leur combat, et semblent tout autant infaillibles qu’impressionnants.

Figure 1 : À gauche, une planche du comics Civil War2 ; À droite, une scène du film Captain America : Civil War.

Cet exemple montre bien qu’une adaptation – aussi proche soit-elle de son inspiration – n’apportera pas la même vision, ni le même message aux spectateurs. Qui plus est, les gens ne connaissant pas la planche originale n’y verront rien de bien particulier (si ce n’est un plan très long comparé à toutes les autres scènes du film) ; et ceux qui connaissent la planche d’origine seront probablement peinés de voir que la scène du film est bien trop aseptisée et lisse, comparée à celle dont elle s’inspire.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! On se retrouve dans deux semaines pour poursuivre ce long sujet !

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