Basile “Paperback” Béguerie l’interview !
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Basile “Paperback” Béguerie l’interview !

Chroniques Comics : Hello Basile « Paperback » Béguerie. Avant toute chose, pouvez-vous présenter qui se cache derrière ce nouveau Label ?

Basile Béguerie : Salut ! Eh bien je m’appelle Basile, j’ai été assistant éditorial chez Casterman pendant plusieurs années, je suis également traducteur anglais/français et enfin lecteur de comics depuis plus de quinze ans.

C.C : À quel moment et surtout pourquoi vous vous êtes dit “Allez, on va faire du Comics” ? Et pourquoi « Paperback » ?

B.B : Alors d’abord, je pense qu’il convient de préciser une chose : ce n’est pas Casterman, la maison d’édition, qui s’est dit un beau jour « on va faire du comics ». C’est plutôt moi qui ai proposé au directeur éditorial, Benoît Mouchart, de développer une petite ligne de BD de genre anglophones (du comics, quoi). Benoît a été emballé par l’idée, l’a présentée à la directrice générale de Casterman, Charlotte Gallimard, qui a donné son feu vert avec enthousiasme. Cela faisait longtemps que j’avais envie de faire autre chose au sein de Casterman et j’ai eu le genre de chance qui ne se présente qu’une fois dans une vie, celle de pouvoir éditer des titres de mon choix avec la confiance de toute la maison d’édition ! Pour tout dire, j’ai encore parfois un peu de mal à y croire.

Pour ce qui est des raisons qui ont poussé Casterman à accepter, elles étaient finalement assez logiques. Notre catalogue contient depuis des années des auteurs espagnols, argentins, italiens, allemands, américains (comme Craig Thompson), chinois, japonais, etc… Nous sommes un éditeur généraliste et grand public et le seul domaine qui n’était jusqu’à lors pas exploré était celui des comics. Il se trouve que j’étais la personne qui en lisait beaucoup, ce qui a été le déclencheur. Ce label est vraiment né d’une envie en interne.

Quant au pourquoi du nom, je voulais quelque chose à consonnance anglophone, qui évoque immédiatement l’univers du comics au lectorat. Il y avait l’expression toute trouvée « trade paperback » bien connue des amateurs de VO, qui désigne les albums recueillant les fascicules mensuels. Techniquement, un paperback désigne au sens large une édition bon marché, souple. Nous avons dès le départ fait le choix d’une fabrication de qualité (papier intérieur, couverture cartonnée), mais j’étais attaché à la dimension de littérature populaire, de genre, qui est sous-entendue dans Paperback. Et puis je trouve que le nom sonne bien !

C.C : Vous vous apprêtez à faire vos débuts avec deux titres très indés ! Le premier au temps de reptiles qui est vraiment un titre tranché ! Et Mech Academy qui lui arrive avec un gros nom (Greg Pak) aux commandes ! N’est-ce pas risqué de proposer 2 titres si opposés ?Pourquoi avoir choisi ces titres ? Personnellement j’adore Mech Academy, j’espérais une sortie VF et je trouve que c’est une super série pour un choix de lancement.

B.B : J’ai envie de dire qu’une partie de la réponse est déjà dans la question ! Si vous avez adoré Mech Academy et que vous attendiez une sortie VF, vous savez pourquoi j’ai choisi ce titre 🙂
En effet ce sont des albums « indés » mais par définition, tout ce qui ne sort pas de chez Marvel ou DC est indé, ce qui en fait un terme très très générique.

Il y a bien sûr un risque dans tout lancement, et a fortiori dans le fait de ne pas proposer de grosses franchises connues du grand public. Pour moi, ce qui primait avant tout (et je sais que ça va paraitre cliché) c’était la qualité des livres. Je ne m’interdis pas à l’avenir de publier des licences mais je n’en ai pas encore trouvé qui me conviennent d’un point de vue éditorial.

En présentant Mech Academy d’une part et Au temps des reptiles d’autre part, je voulais offrir deux expériences de lecture différentes qui soient représentatives de l’esprit Paperback. J’ai à cœur d’offrir au lectorat français l’éventail le plus riche possible de ce qui se fait en ce moment aux États-Unis en termes de création graphique et narrative, en restant toujours accessible (et à ma modeste échelle bien sûr, puisque notre sélection de titres sera très limitée en nombre de sorties). Nous n’avons pas pour vocation de publier de l’underground ou de l’avant-garde, mais de mettre en avant les récits de genre qui se détachent par leur originalité et leur diversité. Donc robots géants et dinosaures, mais de qualité supérieure !
Et l’idée est aussi d’offrir à tous les publics potentiels un titre susceptible de les intéresser. Donc ils ne sont pas tant opposés que complémentaires.

C.C : Vous avez déjà dévoilé une partie de vos publications avec Robot Magnus Fighter ou Apocalytigirl, vous allez proposer des titres totalement tranchés, avec ce que l’on croise actuellement sur le marché, est-ce une forme de ligne éditoriale ou est-ce juste des titres qui vous passionnent ?

B.B : Du coup j’ai un peu répondu à cette question plus haut. Les titres qui me passionnent forment de facto ma ligne éditoriale mais si on devait en résumer l’esprit ça serait : originalité, accessibilité et diversité. La BD américaine vit une période assez extraordinaire en termes de richesse et de propositions graphiques et narratives, c’est ça que j’ai envie de transmettre au lectorat français en tant qu’éditeur !

C.C : Revenons rapidement sur vos deux premiers titres, surtout sur au temps des reptiles. C’est un comics sans texte, comme ça on pourrait penser qu’il suffit juste de regarder les dessins et puis voilà, mais ce n’est pas totalement le cas, la compréhension de ce titre reste complexe. Ce n’est clairement pas un titre à portée de tout le monde, est-ce aussi votre avis ? Et quel est-il ?

B.B : C’est amusant comme point de vue parce que j’aurais tendance à penser que puisque c’est muet, c’est on ne peut plus accessible ! Je trouvais intéressant de mettre en avant une œuvre qui use du pur langage BD, de la narration par la case et l’image (en puisant dans l’inspiration cinématographique pour renforcer le côté spectaculaire de ces créatures gigantesques). C’est un album qui à mon avis peut intéresser au-delà du lectorat comics ou BD. Il réunit les amateurs de dinosaures (et ils sont nombreux) et de beaux dessins.
Et une autre dimension importante de cette œuvre est qu’il est fait pour être relu, refeuilleté, reparcouru à l’envie. C’est primordial quand on achète un livre, un objet physique qui va rester chez nous, d’avoir envie d’y revenir. Il y a l’idée de dépasser la simple consommation du moment, d’en profiter à nouveau plus tard. Pas forcément dans son intégralité mais en picorant dedans, le temps de quelques pages qui nous ont marqués.

C.C : Pour Mech Academy c’est mon coup de cœur clairement tout est là ! Des persos attachants, des couleurs vives, une rivalité, mais ce n’est pas si enfantin que ça, ce titre parlera au fan de comics évidemment, mais va facilement conquérir les fans de kaiju et de robot. Un petit mot sur ce titre aussi ?

B.B : C’est mon coup de cœur aussi, j’ai acheté les droits après avoir lu le premier numéro, sur la simple base de 20 pages qui m’ont immédiatement transporté. Et mois après mois, Greg Pak et Takeshi Miyazawa me confortent dans mon choix en m’offrant la synthèse parfaite de 40 ans d’histoire de robots géants. J’ai une passion pour les méchas depuis toujours et je résume souvent la série en « Harry Potter à l’école de Pacific Rim ». Je viens de terminer les 4 numéros suivants qui formeront le tome 2 (qui arrive à la rentrée !), je peux vous dire que ça ne fait que monter en puissance en termes d’inventivité et d’enjeux.
C’est l’autre versant de Paperback qu’il me tenait à cœur de présenter : une série de genre hyper accessible, sincère, prenante et susceptible de plaire à plusieurs générations. Une vraie BD tous publics ! Et j’espère qu’elle aura le plus grand succès possible parce qu’elle le mérite.

C.C : Enfin dernière petite question, on vous retrouve en salon cette année ?

B.B : Pas cette année mais on est en train d’étudier la question pour 2019. C’est naturellement quelque chose qui nous fait envie, de même qu’organiser des tournées librairies, à Paris et surtout en province. Mais pour cela, il faut que les premières ventes soient au rendez-vous 😉

C.C : Merci pour ton temps.
A très bientôt, j’espère.

B.B : Merci surtout à vous de faire vivre la passion comics en en parlant ! Et oui, à très vite, j’ai encore quelques belles surprises à venir.

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