Annihilator
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Annihilator

annihilator-01La couverture, et le titre “Annihilator” font immanquablement penser à Terminator et à son Scharzie, la gueule arrachée laissant apparaître son squelette robotique. Mais ce titre est loin de toute considération mécanique, si ce n’est celle d’un imaginaire débridé.

Ray Spass, scénariste totalement délirant, s’installe dans une nouvelle maison pour accoucher de l’histoire de son nouveau film. Entre drogue, putes et alcool, autant dire que la bonne volonté est loin d’être présente ! Devant écrire les aventures de Max Nomax, personnage classique aux multiples incarnations dont il doit assurer la relance de la franchise, quelle n’est pas sa surprise de voir apparaître devant lui le personnage de fiction. Juste après avoir appris qu’il était atteint d’une tumeur inopérable au cerveau. Entre rêve, délire, fiction et réalité, Ray et Max vont aller au-delà de l’imagination.

annihilator-03Au scénario, Grant Morrison fait du Grant Morrison. C’est complexe, se lisant à plusieurs niveaux et utilisant la thématique chère à Stephen King de l’auteur face à sa création. Mais l’auteur, c’est carrément Hank Moody, et sa création est encore plus barrée ! L’histoire oscille entre la science-fiction, le drame psychologique, le road movie et l’histoire d’horreur. Pour citer l’auteur (mais lequel ? Morrison ou Spass?) “Annihilator, ce n’est pas de la S.F. Ni un Faust modernisé, ou un film romantique merdique. […] C’est une création, un mythe !“.

Et c’est en lisant ces lignes qu’on se demande où s’arrête la fiction et où l’auteur nous livre sa propre démagogie, exposant ses propres désirs. Et cette frontière fine, très fine, entre réalité et fiction, au sein même du comic, est-elle un écho au ressenti de Morrison ? Complexe, vous disais-je.

annihilator-02Si dans le concept Annihilator est proche de Airboy, dans le traitement, c’est vraiment un O.L.N.I (Objet Lisible Non Identifié) qui vous prend à la gorge.

La mise en image de ce délire scénaristique par Frazer Irving renforce encore plus la sensation de bizarrerie que l’on ressent à la lecture. Tant dans la représentation des personnages que des décors, Irving sort (lui aussi) des sentiers battus des comics pour livrer une œuvre toute personnelle. Le fait d’utiliser une technique de peinture/fusain, sans détourage encré des personnages, les fait “flotter” dans les cases et, lors des scènes issues de la “vie” de Nomax, donne cet effet psychédélique que n’aurait pas renié Jim Steranko. À l’image aussi, la frontière entre réalité et surréalisme est ténue. Du Dali en comics !

sans-titre6Annihilator est vraiment une histoire à part, aux influences multiples n’empêchant pas une originalité indéniable. Honnêtement, j’ai parfois du m’y reprendre à deux fois pour saisir les implications de l’histoire, et même là, je pense que certaines subtilités scénaristiques m’ont échappé. Ce volume n’est certainement pas une lecture pop-corn et demande une réelle implication de la part du lecteur. Autant certains vont adorer, autant d’autres détesteront.

Oui, c’est ce genre de lecture qui, si on va jusqu’au bout, ne laisse pas indifférent. C’est un choix éditorial audacieux de la part de Urban de proposer cette histoire qui ne ressemble à aucune autre.

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