Akiléos, l’interview !
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Akiléos, l’interview !

Chroniques Comics : Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

Akiléos : Bonjour, je m’appelle Emmanuel Bouteille et je suis le co-fondateur des éditions Akileos

CC : Comment sont nées les Éditions Akileos ? Et comment s’est formée l’équipe ?

Akiléos : Le projet est né d’une rencontre avec mon associé Richard Saint-Martin il y a maintenant 20 ans, en stage chez un jeune éditeur à l’époque (indice : son logo est rouge comme nous mais c’est un triangle) Après des parcours communs et séparés en librairie (physiques ou en ligne) et chez des éditeurs, nous nous sommes lancés dans l’aventure en janvier 2003. Nous sommes accompagnés depuis 5 ans de Diane Roy qui nous aide dans la partie éditoriale et de Matthieu Riou depuis quelques mois pour la partie communication.

CC : Une question que je me pose depuis un petit moment : que représente votre logo ? Un rapport avec l’Égypte ? Une fausse idée de ma part sans doute ^^

Akiléos : C’est antique, mais grec : c’est un casque hoplite stylisé en rapport à notre nom (Achille en grec)

CC : Qu’elle est la ligne éditoriale chez Akileos ? On voit des comics, de la BD plus traditionnelle, en passant par des titres jeunesse, du manga ou du franco-belge. S’agit-il d’une volonté du marché ? Ou juste un plaisir d’éditeurs ?

Akiléos : C’est une volonté de diversité tout autant qu’un choix inconscient d’éditeur. Nous ne concevons notre métier qu’en gardant la liberté de publier les titres les plus divers possibles. Être « condamné » à rester dans un genre diminuerait grandement le plaisir d’éditer.

CC : Qu’elle est votre plus belle découverte dans vos titres ? Comment s’est-elle déroulée ?

Akiléos : Difficile à dire. Chaque projet a su nous séduire par différents aspects. On dirait un discours d’homme politique, je sais… Difficile de ne pas tomber dans le travers de se féliciter de ceux qui ont le mieux marché. Je vais aller à rebrousse-poil et vous citer de belles découvertes qui n’ont pas eu le succès mérité. En création française, je trouve que les ouvrages de Loïc Godart (Bang ! en 2 volumes et L’Oiseau chante comme le lui permet son bec) sont superbes. La série Strangehaven, de Gary Spencer Millidge est atypique et hypnotisante (elle devrait connaître une conclusion très bientôt. Dans les deux cas, ce sont deux rencontres particulièrement enrichissantes avec Loïc et Gary que je suis très fier d’avoir publiés.

CC : On se rend compte, comparé aux grosses écuries, que Akileos nous offre de belles éditions, des intégrales en noir et blanc comme récemment Herakles, des titres accessibles et pourtant, dans de beaux formats comme Giant Days. Quelle est votre politique là-dessus ? La qualité avant la quantité ?

Akiléos : L’attention porté à l’objet que représente le livre nous a toujours guidés. On apprend tous les jours à faire mieux. Je suis rarement pleinement satisfait, comme les auteurs, mais j’essaie, avec l’équipe et nos imprimeurs, de faire le meilleur travail possible.

CC : Est-ce une position volontaire par rapport à la concurrence ?

Akiléos : La concurrence joue forcément un rôle, particulièrement en France, pays amoureux des livres. Mais égoïstement, je crois que comme beaucoup de mes camarades éditeurs, j’aime les livres et j’essaie de le leur rendre en offrant aux lecteurs des objets qui me séduiraient moi-même en tant que lecteur.

CC : D’ailleurs en parlant concurrence ! Quelles sont les ambitions d’Akileos ?

Akiléos : L’ambition est de s’installer dans la durée (nous fêtons nos 15 ans en janvier prochain) et de continuer à faire grandir de nouveaux auteurs français et étrangers, de faire découvrir de nouvelles pépites de la BD étrangère.

CC : On voit une grosse diversité dans vos collections. Comment gérez-vous ça ? Avez-vous des spécialistes par genre ? Où c’est au coup de cœur que vous allez chercher des séries ?

Akiléos : Historiquement, je suis plutôt le spécialiste de la BD étrangère et Richard, celui de la création française. En réalité, nos expériences se nourrissent mutuellement depuis des années. Diane et Matthieu apportent également leur regard plus neuf aux « vieux » que nous sommes.

CC : D’ailleurs comment se déroule un choix type de série ?

Akiléos : Simplement, l’un de nous accroche à un projet et le soumet à l’équipe. La règle est qu’il doit plaire à tout le monde pour se lancer. Récemment, j’ai lu Giant Days en VO et je l’ai fait lire à Richard et Diane en leur suggérant vivement d’être d’accord avec moi sous peine de châtiments corporels… En réalité, ils ont tout autant aimé la série que moi et nous avons donc fait une proposition à l’éditeur US. Pour les projets de création, Richard nous soumet les meilleurs projets qu’il reçoit et nous choisissons ensemble.

CC : On voit avec les récentes sorties, dont Dr Who, Weird Detective, Super Deltas et évidemment le superbe Giant Days, que vous êtes très actifs en ce moment. Va-t-on avoir droit à de nouveaux titres très bientôt ?

Akiléos : Début juin, nous sortons en effet Super Delta Squad, le premier tome de la nouvelle série de l’extrabouriffant Édouard Cour, Weird Detective de Fred Van Lente et Guiu Villanova, Russian Olive to Red King de Stuart & Kathryn Immonen et bien sûr le premier tome de Giant Days de John Allison.

À la rentrée, nous proposerons 3 superbes intégrales couleur reprenant les 6 tomes d’une de nos séries phares, Courtney Crumrin. Il y aura également la suite et la fin de Versipelle, d’Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott , le Beffroi (The Spire) de Spurrier et Stokely, le tome 2 de Giant Days, Renato Jones tome 1 de Kaare Kyle Andrews et bien sûr le Roy des Ribauds tome 3 de Ronan Toulhoat et Vincent Brugeas.

CC : Pour vous quels sont les titres à ne rater sous aucun prétexte ?

Akiléos : Tous ? Difficile de faire un choix et puis, nous ne publions pas 300 titres par an…

Pour les amateurs de comics la grande nouvelle pour nous, c’est l’acquisition des droits de Renato Jones. Je suis un très grand admirateur de Kaare depuis longtemps et cette série me tient particulièrement à cœur. C’est le grand titre de l’année en comics avec Giant Days. Le Roy des Ribauds reste notre locomotive grâce aux talents conjugués de Ronan et Vincent. Les planches que nous avons reçues sont tout simplement époustouflantes.

Mais j’ai l’impression de manquer de respect aux autres en ne les citant pas. Je dis souvent que les lecteurs ne sont pas tenus d’aimer tout ce qu’on fait mais j’ai la faiblesse de penser que chacun trouvera forcément un titre auquel il accrochera dans notre production. J’encourage donc les lecteurs de Chroniques Comics à jeter un œil à tous ces titres. Je suis certain qu’ils trouveront leur bonheur !

Merci à vous et à très bientôt.

 

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